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des États-Unis et celui de la Nouvelle-Grenade à la fin de l’année 1846, après l’acquisition définitive de l’Orégon. Aux termes de l’article 35 de ce traité, le gouvernement de la Nouvelle-Grenade garantit aux citoyens américains le droit de passage à travers l’isthme pour eux et leurs marchandises sur toutes les voies de communication qu’on pourra y établir. Pour tous les droits de péage, les citoyens des États-Unis sont assimilés à ceux de la Nouvelle-Grenade. En compensation de ces avantages, le gouvernement américain garantit de son côté à la Nouvelle-Grenade la neutralité complète de l’isthme, et s’engage à faire respecter les droits de souveraineté et de propriété que cette république possède sur le territoire en question. Si le gouvernement américain avait pris de tels engagemens lorsqu’il ne s’agissait encore que d’assurer les communications avec l’Orégon, il est facile de concevoir combien ces engagemens ont puisé de force dans les faits qui sont survenus peu après, c’est-à-dire dans l’acquisition de la Californie et dans le mouvement d’émigration qui s’en est suivi.

Uns fois légalement constituée, la compagnie du chemin de fer de Panama s’occupa de son organisation financière et des études auxquelles il fallait procéder avant de commencer les travaux d’exécution. Les concessionnaires primitifs avaient déjà envoyé sur l’isthme un corps d’ingénieurs pour reconnaître le terrain ; les études furent continuées pendant les années 1849 et 1850, et, dès le mois de septembre 1850, l’on se mit en mesure de commencer les travaux. Avant d’aller plus loin, il est bon de dire ici quelques mots du tracé et des localités qu’il traverse.

Le tracé a son origine, du côté de l’Atlantique, sur l’île de Manzanilla, située au nord-est de la baie de Limon ou Navy-Bay, qui se trouve à 7 milles (11 kilomètres) est de Chagres. Il traverse l’île de Manzanilla en son milieu, du nord au sud, et franchit ensuite le bras de mer étroit et peu profond qui sépare l’île de la terre ferme, pour se diriger parallèlement à la baie, à travers les terrains bas et marécageux qui la limitent du côté de l’est ; il s’infléchit ensuite vers le sud-sud-ouest, pour aller gagner, vis-à-vis du village de Gatun, la vallée de la rivière de Chagres. Il franchit le Rio-Gatun, et continue à suivre de près la rive droite du Chagres, en se maintenant sur la bande de terrain généralement peu accidentée qui existe entre la rivière et les collines qui bornent la vallée. Sa direction générale est du nord-ouest au sud-est ; mais, à cause des sinuosités nombreuses du Chagres, il décrit un grand nombre de courbes. On arrive ainsi à un point situé à peu près à 1 mille en aval du bourg de Gorgona ; là, le chemin de fer franchit le Chagres pour s’en séparer et se diriger vers Panama à travers un pays beaucoup plus accidenté en général que la première partie du parcours ; il aboutit ainsi à la baie de Panama, à l’ouest de cette ville.