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Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/878

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C’est entre Gorgona et Panama, à 9 milles environ de Gorgona, que le tracé franchit le faite de séparation entre les deux océans. On a trouvé en cet endroit, il y a trois ans déjà, un col dont l’élévation au-dessus des hautes eaux du Pacifique n’est que de 275 pieds et demi anglais (84 mètres à peu près). Ce col se trouve entre la vallée du Rio-Obispo et le Rio-Pedro-Miguel, qui coulent en sens contraire et se jettent l’un dans le Chagres, l’autre dans le Rio-Grande, dont l’embouchure est sur le Pacifique, à 3 milles à l’ouest de Panama. La longueur totale du chemin, de la baie de Limon à Panama, est de 45 à 46 milles (72 à 74 kilomètres). Dans ce trajet, il ne franchit que deux cours d’eau de quelque importance, le Rio-Gatun et le Chagres.

Nous avons dit que le chemin avait pour point de départ, du côté de l’Atlantique, l’île de Manzanilla, située au nord-est de la baie de Limon. Cette île, dont le nom n’était guère connu, il y a peu d’années, que des navigateurs qui visitent ces parages, vient donc d’acquérir une certaine importance malgré son peu d’étendue. Elle n’a effectivement qu’un mille géographique ou 1,850 mètres de long ; elle a un peu plus de 900 mètres de large. L’île paraît avoir été formée par un amas de madrépores et de polypiers qu’on retrouve partout sur ses bords. Cette masse a été recouverte par des détritus végétaux qui ont formé un sol très peu consistant, d’ailleurs détrempé par les pluies, qui sont presque incessantes pendant six mois, et même très fréquentes encore pendant la saison sèche, de décembre à juin. La surface de l’île ne s’élève pas à plus de cinquante centimètres au-dessus de la marée haute, et l’on sait que sur cette côte les marées ne dépassent guère 30 ou 40 centimètres. La végétation luxuriante qui caractérise les contrées intertropicales s’étale partout à Manzanilla. Les principales essences qu’on y trouve sont le manglier et une espèce d’acajou de qualité inférieure. On y voit encore le mancenilier, qui produit, comme on sait, un poison assez violent, et dont l’aspect rappelle celui de nos arbres fruitiers d’Europe. Au-dessous des arbres proprement dits croissent en immense quantité des arbustes et des plantes grimpantes qui se décomposent rapidement sous l’action alternative des pluies et de la chaleur, et donnent naissance à des miasmes auxquels on doit attribuer principalement les fièvres qui règnent dans ces parages : ce sont en général des fièvres bilieuses ou intermittentes, accompagnées souvent de graves désordres d’estomac. La température qui règne sur l’île et dans toute l’étendue de la baie de Limon n’est pas aussi élevée qu’on pourrait le supposer ; il est rare que le thermomètre s’élève à 30 degrés centigrades. Les variations diurnes, sont généralement très faibles, de 2 à 3 degrés par exemple. C’est ce qui résulte d’un très grand nombre d’observations prises chaque jour pendant cinq mois, de septembre 1850 à février 1851. Le minimum de température observé pendant