Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/899

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est bien près, comme on voit, du chiffre de 5 millions qui a été fixé comme limite supérieure au capital ; toutefois, comme chaque nature de dépense a été évaluée assez largement, il est possible que ce chiffre ne soit pas atteint.

Quant aux revenus du chemin, en nous appuyant de renseignemens recueillis également sur l’isthme même, nous pouvons admettre qu’ils atteindraient le chiffre de 860,000 dollars, savoir :


dollars
Voyageurs et bagages 510,000
Marchandises 79,200
Transport de métaux précieux 250,000
Service des dépêches 20,800
Total 860,000[1]

Si l’on déduit 40 pour 100 de ce chiffre pour les frais d’entretien et d’exploitation, soit 344,000 dollars, il reste pour le revenu net 516,000 dollars, c’est-à-dire un peu plus de 10 pour 100 du capital dépensé. Dans une entreprise de ce genre, un revenu de 10 pour 100 ne saurait être considéré comme exorbitant, d’autant mieux qu’il y aura lieu de consacrer une certaine somme à l’amortissement du capital, dans l’éventualité d’une diminution de revenu qui pourrait résulter de l’établissement de lignes rivales.

Quel que soit d’ailleurs le succès de l’entreprise au point de vue financier, l’achèvement d’une voie de communication très perfectionnée dans titi pays où l’on ne trouvait auparavant que de misérables

  1. On suppose que le chemin transportera 30,000 voyageurs ; c’est à peu près le nombre de ceux qui ont traversé l’isthme en 1850. Ce nombre a augmenté depuis ; mais on peut supposer que la voie de transit qui existe déjà à travers le pays de Nicaragua détournera à son profit une partie notable du mouvement. Le prix payé par chaque voyageur serait de 15 dollars ; actuellement la dépense du voyage à travers l’isthme varie de 50 à 60 dollars (267 à 330 francs). Les excédans de bagages sont évalués à 60,000 dollars.
    On admet que l’on transportera 3,600 tonnes de marchandises annuellement : c’est le double seulement du mouvement actuel qui n’a pu se développer par suite de l’élévation énorme des prix ; il en coûte 20 cents ou un 1 franc par livre, soit 448 dollars par tonne. Nous supposons ici que le prix par tonne sera de 22 dollars seulement, ou un dollar par cent livres.
    Pour les métaux précieux, on suppose que le chemin de fer en transportera une valeur de 100 millions de dollars (530 millions de francs). — C’est à peu près le chiffre des valeurs qui ont traversé l’isthme en 1850 ; savoir 88 millions provenant de la Californie et 13 millions de l’Amérique du Sud. Ce chiffre tend à s’accroître : le fret a été fixé à 1/4 pour 100, soit un peu plus du double de ce qu’on paie en France.
    Enfin, pour le transport des malles étrangères circulant entre l’Europe ou les États-Unis et les ports du Pacifique depuis le Chili jusqu’à l’Orégon, on suppose qu’il y aura un voyage par semaine dans chaque sens, soit cent quatre voyages en tout. On admet que le prix payé à la compagnie du chemin de fer pour chaque convoi sera de 200 dollars, ce qui est le triple au moins de ce qu’on paierait en France sur un chemin de même longueur que celui de Panama.