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en 1602, proclama ce pays comme faisant partie du territoire espagnol ; mais tous ces titres de possession furent rarement reconnus par les puissances rivales, qui se disputèrent long-temps, mais avec mollesse, la possession de la Californie jusque vers la fin du XVIIe siècle, époque à laquelle cette contrée fut cédée à des missionnaires européens. L’influence des missions européennes en Californie marque une nouvelle ère dans l’histoire de ce pays. Grâce au discernement, à l’éminente sagacité des missionnaires, à l’art qu’ils possèdent de s’allier les peuplades les plus sauvages, la Haute-Californie atteignit bientôt une prospérité qui, éveillant au loin la cupidité, finit par être une cause d’expulsion pour ceux qui l’avaient fait naître. À la suite d’une révolution, ce pays passa des mains des premiers missionnaires à celles d’autres religieux appartenant à des corporations dont le siège était au Mexique ; celles-ci, travaillant d’un commun accord, se partagèrent l’autorité et l’administration du pays en continuant l’œuvre qu’avaient si bien commencée les premiers missionnaires.

La Haute-Californie, à partir de cette époque, ne tarda pas à acquérir une certaine importance. On avait reconnu la fertilité de son sol et les avantages qui résultaient de sa situation géographique. Le nombre des colons s’accrut rapidement, les habitations se multiplièrent en plusieurs lieux et formèrent les germes de petites cités. — Au commencement de ce siècle, de 1802 à 1803, dix-huit missions étaient établies en Californie, et près de chacune de ces missions se trouvait un village de naturels ou d’Indiens qui avaient été attirés par les dons, les promesses et les encouragemens des nouveaux propriétaires du sol. À la même époque, la population de la Haute-Californie, non compris les tribus insoumises des Indiens, atteignait près de 16,000 âmes, chiffre bien faible sans doute, si on considère l’étendue du territoire ; mais, douze années plus tôt, cette population ne s’élevait pas à 8,000 âmes. Cet accroissement eût été plus considérable, si les administrateurs du pays, jaloux de conserver leur autorité intacte, n’eussent été animés d’un esprit hostile envers les colons qui commençaient à y affluer de toutes les parties du monde et cherchaient à s’établir dans le voisinage des missions. L’occupation par famille et par individu, en facilitant la division du sol, eût contribué puissamment à accroître le développement des germes de richesse qu’y avaient répandus avec un zèle infatigable les mêmes hommes qui, dans des vues personnelles, s’opposèrent plus tard aux progrès du pays.

Depuis l’arrivée des missionnaires mexicains, la Haute-Californie pouvait être considérée comme une province de la république mexicaine, ayant pour chef nominal un commandant-général, dont les attributions étaient déterminées par le président de la république et le congrès du Mexique. Le pouvoir législatif de la Haute-Californie était concentré entre les mains d’une députation composée de sept membres