Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/996

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’indigo. L’agriculture y trouverait d’ailleurs de puissans auxiliaires autant dans les nombreux tributaires du fleuve que dans les forêts de chênes, de pins et de cèdres, qui ombragent les collines et la partie inférieure des montagnes de la Sierra-Nevada. Une terre argileuse qui, en certains endroits, recouvre abondamment la plaine, et peut servir à la fabrication des briques, est appelée à prendre place parmi les ressources naturelles que présente ce vaste territoire.

Dans sa partie la plus fréquentée, la Haute-Californie offre, on le voit, à l’exploitation agricole ou métallurgique une superficie considérable qui peut être évaluée à 3,000 myriamètres. Il ne faudrait point voir toutefois dans cette évaluation un nombre correspondant d’hectares propres à être livrés à la culture ; la région aurifère, qui occupe à elle seule près de 800 myriamètres carrés, est d’une aridité complète, et des étendues considérables de terrains rocailleux ou recouverts d’épaisses couches de sable que l’on rencontre en dehors de cette région réduisent dans une forte proportion la partie du sol favorable aux travaux d’agriculture. D’un autre côté, le climat, d’ailleurs très tempéré, occasionne quelquefois, faute de pluies assez abondantes, une sécheresse qui détruit entièrement la récolte et fait succéder une année de disette à une année très productive.

Ce pays n’est point soumis, comme ceux qui sont situés sous des latitudes plus élevées, à de fréquentes alternatives de pluie et de temps sec. À la saison des pluies, dont la durée est permanente en Californie depuis le mois de novembre jusqu’au mois d’avril, succède une sécheresse absolue qui règne tout le reste de l’année. La plupart des rivières qui étaient navigables laissent leur lit à découvert et ne présentent plus qu’un volume d’eau insuffisant à l’irrigation des vallées qu’elles traversent. Sur certains points, il serait possible de suppléer à cette insuffisance par un bon système d’irrigation ou par l’établissement de puits artésiens ; mais ces améliorations seront seulement possibles lorsque le prix de la main-d’œuvre en Californie ne sera plus fixé au taux exorbitant auquel le maintiendra quelque temps encore le produit de la journée des chercheurs d’or.

La partie du territoire californien qui a été le plus cultivée jusqu’à ce jour comprend un espace assez étroit situé entre les collines qui, sous le nom de Low-Range (basse chaîne), s’étendent le long de la côte. La vallée du Sacramento offre à l’agriculture de bien plus grandes ressources que cette partie plus anciennement cultivée ; mais ce n’est que depuis deux années que la charrue a commencé à en sillonner les plaines. Les missionnaires qui vinrent habiter la Haute-Californie ne pénétrèrent point jusque-là, pour y établir les nombreuses missions qui acquirent par la suite une certaine célébrité. Celles-ci furent réparties sur cet espace étroit du territoire qui avoisine la mer, et qui forme encore aujourd’hui le district le moins improductif de toute la contrée.