devenir quotidiens, n’osent même pas entreprendre de paraître trois fois par semaine; ils sont presque tous hebdomadaires; un petit nombre seulement, et dans les plus grandes villes, publient deux numéros par semaine, par exemple le Witness à Edimbourg, l’Examiner and Times à Manchester. Lorsque plusieurs feuilles coexistent dans une localité, elles s’entendent pour ne pas paraître le même jour. Avec une publicité aussi restreinte, les journaux de province ne peuvent, pour la majorité des lecteurs, remplacer les journaux de Londres; aussi ne cherchent-ils point à se substituer à ceux-ci, mais à se conserver une clientelle à côté de la leur. Ils consacrent tout au plus une colonne aux nouvelles de l’étranger et une colonne et demie à un résumé des débats parlementaires qui ont rempli la semaine; ils sont également sobres sur la politique générale, hormis en temps d’élection; en revanche ils donnent une grande place à la discussion des intérêts locaux, et ils font de l’abondance et de l’exactitude de leurs nouvelles commerciales le but de tous leurs efforts. On doit reconnaître néanmoins que la plupart de ces journaux sont médiocrement écrits, parce qu’ils n’ont qu’un petit nombre d’abonnés et ne disposent pas de ressources suffisantes. Il existe à Londres, comme à Paris, des entrepreneurs qui se chargent de penser et d’avoir des opinions pour les journaux de province, et qui expédient à ceux-ci, à raison de 15 shillings la pièce, des articles de politique générale tout faits : c’est une économie considérable pour les journaux de second ordre, qui ne peuvent consacrer que de faibles sommes à leurs dépenses de rédaction; mais ils en ont pour leur argent. Les journaux des grandes villes, qui sont en état de faire des sacrifices et de rétribuer libéralement les écrivains qu’ils emploient, sont beaucoup mieux faits; ceux d’Edimbourg et de Glasgow affichent même des prétentions littéraires. Cependant la politique n’occupe qu’un rang secondaire dans les feuilles provinciales, et elle ne suffirait à en faire vivre aucune; mais, grâce à la multitude et à la variété des renseignemens qu’ils contiennent, les journaux de Liverpool, de Manchester et de Birmingham sont indispensables à toutes les grandes maisons de commerce de Londres et des centres manufacturiers du royaume-uni aussi bien que des villes où ils se publient. Les annonces, qui sont très abondantes, et pour lesquelles les armateurs et les industriels traitent souvent non pas au jour ni au mois, mais à l’année, sont, comme en France, le revenu principal et même la raison d’être des journaux de province; la politique n’est que le prétexte de leur existence.
Les journaux irlandais sont dans une dépendance moins étroite de la presse métropolitaine. Depuis une quinzaine d’années, la collaboration de quelques écrivains de talent a élevé le niveau de la presse irlandaise, et a donné à celle-ci un certain éclat. La différence de