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REVUE DES DEUX MONDES.

il y a la civilisation morale à propager et à former dans toutes ces contrées de l’Amérique du Sud, où il semble souvent qu’il n’y ait point de milieu entre la vie sauvage et l’anarchie révolutionnaire.

ch. de mazade.


Bladen otek japan (feuilles sur le japon), réunies par M. J.-H. Levyssohn, ancien chef de la factorerie hollandaise au Japon[1]. — Sous ce titre parait un recueil utile de pièces éparses, éclairées par des observations de l’auteur, qui pendant cinq années a rempli les fonctions de chef de la factorerie hollandaise à la petite île de Décima, jetée en avant de Nangasaki, une des grandes villes du Japon. M. Levyssohn nous donne un exposé chronologique des affaires de l’empire japonais, depuis le commencement de ses relations commerciales avec la Hollande, et il cite la lettre écrite par l’empereur du Japon au prince Maurice dans le courant du xviie siècle. L’état politique du Japon est ensuite esquissé, d’après l’Annuaire des Deux Mondes pour 1850. M. Levyssohn enregistre dans cette partie de son livre les faits les plus mémorables survenus pendant sa direction : l’arrivée de l’escadre française sous le commandement de l’amiral Cécille, celle de l’escadre américaine, le débarquement de naufragés au Japon, que le gouvernement impérial entoura de tous les soins possibles, mais que les lois du pays obligèrent de quitter ces plages. C’est M. Levyssohn et le docteur Mohnike qui ont réussi à introduire la vaccine au Japon, service éminent rendu à ce pays, où la petite vérole a sévi maintes fois et décimé les populations. L’introduction de la vaccine, en combattant un fléau destructeur, fera, selon M. Levyssohn, accroître dorénavant, dans des proportions considérables, la population du Japon, et déterminera parmi elle le même mouvement d’émigration qu’on a vu se produire dans les populations agglomérées de la Chine et d’autres pays de l’Orient. Ce sera ainsi que la loi de la nature dominera celle d’un pays qui pendant deux siècles s’est interdit à peu près tout contact avec le reste du monde. M. Levyssohn, dans une troisième partie de son ouvrage, réunit les rapports adressés au congrès américain au sujet des relations que les États-Unis voudraient ouvrir avec le Japon, les instructions du gouvernement américain relatives à l’expédition dirigée vers ces parages, les opinions des publicistes dans les deux hémisphères concernant cette expédition, qui, en définitive, paraît avoir un but tout pacifique. Nous avons remarqué dans le livre de M. Levyssohn quelques considérations sur les libérales tentatives faites par le gouvernement hollandais pour amener l’ouverture du Japon au commerce étranger ; d’accord sur ce point avec M. Dubois de Jancigny, l’auteur croit une politique prudente et humaine préférable à une politique de violence. Dans quelques notes qui terminent son ouvrage, il constate la tendance de plus en plus marquée des Japonais à s’enquérir du développement intellectuel de l’Europe, et il complète ces derniers aperçus par des documens bibliographiques d’un haut intérêt pour tous ceux qui voudraient s’initier aux affaires, à l’histoire, à la description physique et à la littérature du Japon.

v. de mars.



v. de mars.
  1. La Haye, Belinfante frères, 1852.