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train, va être chauffée comme elle ne l’a jamais été jusqu’ici. Pourvu qu’il n’arrive pas à l’Union américaine ce qui arrive trop souvent à ses Imteaux à vapeur et sur ses chemins de fer !

La candidature de M. Haie ne fait naturellement aucun progrès ; elle ne sort pas du cercle d’une petite coterie dans chaque état ; çà et là de maigres meetings sont tenus en son honneur, mais n’amènent aucun résultat. La candidature du général Scott est en voie de sombrer tout-à-fait, à moins que quelque incident imprévu ne la relève. Les démocrates ont exploité cruellement les antécédens du général, divers épisodes de sa vie, ses opinions antérieures sur les émigrans, son ancienne union avec les natifs Américains. Lors de ses relations avec ce parti éphémère, le général Scott aurait proposé qu’on soumît à des conditions très dures les émigrans qui voudraient acquérir les droits de citoyens des États-Unis. La publication rétrospective de certaines lettres du général à ce sujet a suffi pour que les votes des émigrés allemands, grands partisans des candidatures militaires, lui fussent retirés. Les whigs ne l’ont pas mieux traité : les uns ont fait scission et se sont retournés vers M. Webster, les autres ont exprimé hautement leur mécontentement d’un tel choix ; un journaliste qui a de la célébrité et du talent, M. Horace Greeley, whig à tendances socialistes, a affublé irrévérencieusement le générail du sobriquet de fuss and feathers (l’homme au grand fracas et aux grands plumets). L’hostilité des whigs s’est manifestée dans plus d’une occasion, surtout dans un certain meeting tenu à New-York, où personne ne se rendit, et où M. Stanly de la Caroline du nord se vit réduit à défendre le général Scott devant des banquettes vides. Le général Scott voyage en ce moment dans l’ouest, où il s’est rendu pour choisir l’emplacement d’un asile militaire ; partout sur son passage les populations le saluent, mais elles le saluent plus qu’elles ne l’applaudissent, et elles témoignent leurs sympathies au soldat et au citoyen beaucoup plus qu’au candidat présidentiel. C’est à peine s’il a été fait allusion à la prochaine élection durant tout ce voyage. Le mécontentement des whigs pour le choix de la convention de Baltimore a favorisé la candidature de M. Webster, à qui il ne manque que le temps pour arriver peut-être à maturité. Malheureusement l’époque de l’élection est proche, et il est trop tard pour rallier le parti whig tout entier. Les discours très éloquens de M. Winslow à Boston, les protestations des whigs dissidens du Massachusetts, l’irritation des whigs de New-York et des whigs du sud, ne serviront qu’à dissoudre encore davantage ce grand parti, et ne feront pas plus pour M. Webster que n’ont fait la question des pêcheries ou l’affaire des îles Lobos. U faut s’attendre à un président démocratique, à un changement complet de politique, et peut-être à une plus grande précipitation encore des ambitions nationales.

ch. de mazade.


V. de Mars.