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BEAUMARCHAIS


SA VIE, SES ÉCRITS ET SON TEMPS.


IV.

LES PRÉLUDES DU PROCÈS GOËZMAN.[1]



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I. — PROCÈS DE BEAUMARCHAIS CONTRE LE LÉGATAIRE DE PARIS DU VERNEY.

Le premier des grands procès qui devaient donner à la vie de Beaumarchais une direction nouvelle dura sept ans. D’abord gagné, puis perdu et enfin regagné, il jeta l’auteur d’Eugénie dans un tourbillon de haines implacables et de luttes acharnées. Le fameux procès Goëzman sortit de cette grave affaire, dont les circonstances ont été assez inexactement rapportées jusqu’ici. Il est nécessaire de rétablir les faits, de montrer qu’il ne s’agissait pas seulement, comme le dit La Harpe, d’une affaire d’argent, et d’expliquer pourquoi le prince de Conti disait, non sans raison, au sujet de ce débat : « Il faut que Beaumarchais soit payé ou pendu ! » ce qui faisait répondre à Beaumarchais, toujours fidèle à son genre d’esprit : « Mais, si je gagne mon procès, ne semble-t-il pas que mon adversaire devrait aussi cordialement payer un peu de sa personne ? »

On a vu à quelle occasion le vieux Pâris Du Verney, ex-fournisseur-général des vivres de l’armée, fondateur et intendant de l’École militaire, s’était attaché au jeune protégé de Mesdames de France, lui avait donné sa confiance, l’avait aidé à se pousser à la cour en lui prêtant

  1. Voyez les livraisons du 1er  et du 15 octobre, et celle du 1er  novembre.