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DU


MOUVEMENT INTELLECTUEL


PARMI LES POPULATIONS OUVRIÈRES.





LES OUVRIERS DE LA LOIRE.[1]




Au milieu des montagnes du Forez, dont la base sépare le bassin du Rhône de celui de la Loire, s’étend, à partir des environs de Givors, à travers Rive-de-Gier et Saint-Chamond jusqu’au-delà de Saint-Etienne, une succession de vallées plus ou moins profondes, sillonnées par des torrens, tantôt nues et arides, tantôt fécondes et verdoyantes, où l’industrie possède un magnifique domaine. Les ouvriers qui habitent cette région forment un groupe isolé dont la physionomie s’encadre d’une façon fort originale entre les sommets de leurs montagnes. Les uns tissent les rubans de tout genre dont les flots étincelans vont ensuite inonder le monde; les autres, à demi nus près de brasiers ardens, travaillent le fer rougi ou le verre en fusion; enfin les derniers, voués à l’extraction de la-houille, ont pour atelier les profondeurs mêmes de la terre.

Prise en bloc, en comptant les rubaniers disséminés dans les montagnes et dont Saint-Etienne est la métropole, la population laborieuse de ce district ne saurait être évaluée à moins de cent cinquante mille

  1. Voyez les livraisons des 1er juin, 1er septembre et 15 novembre 1851, des 15 février et 1er août 1852.