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LE PERE VENTURA


ET


LA PHILOSOPHIE.




La Raison Philosophique et la Raison Catholique, conférences prêchées à Paris dans l’année 1851




Il est remarquable que les trois hommes qui ont dans ces derniers temps le plus illustré le clergé de l’Italie sont trois métaphysiciens, Vincent Gioberti, M. l’abbé Rosmini Serbati et le père Ventura de Raulica, Au point de vue de la philosophie, il y a certainement des distinctions à faire entre eux, et le second est le seul peut-être qui puisse être considéré comme ayant une doctrine propre et comme le promoteur d’un système ; mais enfin tous trois ont jugé de ce monde par l’esprit humain, ce qui est le caractère du philosophe. Tous trois ont traité de la religion comme d’une science et embrassé dans leurs méditations toutes les sciences morales avec elle. Par là, ils ont un trait commun qui les signale à l’attention des historiens de la philosophie.

Un autre trait qui leur est propre augmente pour nous leurs droits à une respectueuse attention. Il n’en est aucun qui, au moment favorable, n’ait accueilli la pensée d’une réforme dans l’état politique de l’Italie. Ici avec plus d’éclat, là avec plus de discrétion, tous, en voyant luire les jours bien courts de 1847, ont conçu pour leur pays, ont donné à leur pays des espérances trop tôt dissipées, et, dans ces jours mémorables, les regards du public se sont portés sur eux, comme sur les précurseurs ou les conseillers, les confidens ou les interprètes de celui qui fut alors un instant l’espoir du monde. C’était là une belle époque, un de ces momens que le ciel ne fait que montrer