des poissons autour de ses cheveux, et ne trouvait pas de meilleure épithète à donner à un fleuve que celle de kalliparthenos (aux belles vierges), en vue de la blancheur des flots qui, pour son imagination, se résolvaient en jeunes filles.
L’erreur principale de M. Creuzer était écrite dans le titre de son livre. Il est trop symbolique. Toujours préoccupé de théologie et d’institutions sacerdotales, méconnaissant le côté naïf et vulgaire de l’antiquité, il cherche des idées abstraites et dogmatiques dans des créations légères où il n’y avait bien souvent que les joyeuses folies de l’enfance. Persuadé que la religion grecque a dû avoir comme les autres un âge hiératique et ne rencontrant point ce caractère dans les œuvres spontanées du génie hellénique, il se rejette sur les colonies et les influences venues de l’Orient. À telle double exagération correspondirent dans le mouvement des études mythologiques en Allemagne deux réactions : à l’excès du symbolisme s’opposa une école toute négative et anti-symbolique, représentée par Voss, G. Hermann et Lobeck ; à l’abus des influences orientales s’opposa recule purement hellénique de MM. Ottfried Müller, Welckeret autres.
J. H. Voss fut sans contredit le plus rude adversaire que rencontra d’abord la Symbolique. Protestant zélé et partisan déclaré du rationalisme, il crut voir dans l’œuvre du docteur Creuzer une dangereuse tendance vers les doctrines mystiques qui germaient alors en Allemagne. Ce livre, que bien des consciences timorées regarderont en France comme d’une intolérable hardiesse, fut considéré dans l’Allemagne de 1820 comme un manifeste catholique, une apologie du sacerdoce et de la théocratie. Quelques conversions qui eurent assez d’éclat, en particulier celle du comte Frédéric de Stolberg, vinrent fortifier les alarmes de Voss sur les dangers de la ligue qu’il supposait s’être formée entre le système symbolique et le prosélytisme romain. M. Creuzer lui apparut comme un agent déguisé des jésuites, et Voss entreprit l’examen de son livre dans sept numéros consécutifs de la Gazette littéraire d’Iéna (mai 1821). Le ton acerbe de cette critique indigna les amis de M. Creuzer. L’auteur de la Symbolique répondit aux diatribes de Voss par un petit écrit où il refusait dédaigneusement d’entrer en discussion avec un adversaire incapable de concevoir l’esprit de ses théories, dans l’intelligence desquelles le sentiment et l’esprit poétique devaient avoir autant de part que l’érudition et l’analyse. Voss revint à la charge et publia en 1824, à Stuttgart, son Anti-symbolique, pamphlet érudit, rempli des plus affligeantes personnalités, des insinuations sur des désordres analogues à ceux que certains mystères de l’antiquité pouvaient favoriser donnèrent à ces accusations la couleur la plus odieuse. De toutes parts on se récria contre une polémique aussi violente ; M. Creuzer crut devoir garder le silence.
La Symbolique trouva dans M. Lobeck un adversaire plus mesuré dans les formes, mais non moins exclusif. Son Aglaophamus (1829) est la négation la plus complète du système de M. Creuzer. Jamais la critique ne courut plus rapidement d’un pôle à l’autre ; jamais des qualités et des défauts opposés n’établirent entre deux hommes une dissonance plus absolue. Égaré par l’exégèse