Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/1183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seul le tiers environ du fer produit dans la Grande-Bretagne, et le fer n’est qu’une partie de son immense extraction minérale. Des voies de communication perfectionnées, et parmi elles deux chemins de fer, ont fini par percer ce massif de montagnes et par y ouvrir des courans d’importation et d’exportation. L’industrie agricole est devenue possible ; le salaire, qui était tombé aussi bas qu’en Irlande, s’est relevé. Tout n’est pas fait sans doute, et les cantons les plus reculés cachent encore bien des misères ; mais l’assimilation est en bonne voie et s’accomplit rapidement. L’île druidique d’Anglesea, ce dernier refuge de la religion et de la nationalité celtes, est maintenant réunie à la grande île par deux ponts, dont l’un, le célèbre pont-tube, véritable merveille de l’industrie moderne, fait partie du chemin de fer de Londres à Dublin. Partout se font sentir les signes d’une révolution bienfaisante. Tout s’améliore, même les races d’animaux les plus rudes et les plus agrestes. Ces moutons à la laine mêlée de poils, aux cornes droites, aux mœurs farouches, qui tenaient le milieu entre le mouton et le chamois, et qui donnaient tout au plus 10 ou 12 kilos de viande nette, augmentent peu à peu de poids et perdent leur jarre, soit par des croisemens avec des races écossaises, soit par de simples perfectionnemens dans leur régime ; il en est de même des bœufs et des chevaux, qui gagnent de la taille et du volume sans perdre de leur rusticité. Un dernier pas reste à faire : la plupart des pâturages de montagne sont encore communaux, c’est-à-dire absolument négligés. Le jour où ils cesseront de l’être, le problème du pays de Galles sera résolu, Dans ses rapports avec l’Angleterre, ce pays est un mélange d’Ecosse et d’Irlande : pendant longtemps, le mauvais côté, le côté analogue à l’Irlande, a prévalu ; mais c’est décidément le bon, le côté semblable à l’Ecosse, qui l’emporte.

Les petites îles qui dépendent de l’Angleterre prennent à leur tour leur part de la prospérité générale. On dit assez de bien de l’état agricole de l’Ile de Man, située au milieu du canal de Saint-George, entre l’Angleterre et l’Irlande, et qui est célèbre pour avoir formé autrefois un royaume à part. Quoique très montagneuse, elle nourrit 50,000 habitans, sur une étendue totale d’environ 60,000 hectares, dont la moitié seulement est susceptible de culture, et fournit encore un excédant de blé, d’orge et de bétail pour l’exportation. À l’industrie agricole les habitans joignent les produits de la pêche, de la navigation et de l’exploitation des mines. L’aisance y est assez générale. La plus grande partie du sol appartient à des petits propriétaires ou yeomen qui cultivent eux-mêmes. Cette division de la propriété et de la culture est très ancienne dans l’île de Man, et là du moins le gouvernement anglais a eu le bon esprit de ne pas la combattre.