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grand pied et pourvues des appareils mécaniques les plus perfectionnés. Ce ne sont plus, comme à Aix pour les huiles d’olive, des ateliers temporaires ! Quoique les ouvriers qui viennent en partie du Piémont aient l’habitude de retourner chaque année chez eux passer quelques semaines, les huileries n’arrêtent jamais leur mouvement ; elles suppléent, au besoin, à leurs auxiliaires absens par quelques travailleurs inoccupés de la soude ou du savon. Du reste, la population des huileries se renouvelle fréquemment. Au bout de quelques années de leur dur métier, qui leur vaut en moyenne 2 fr. 25 cent. par jour, les manœuvres venus des campagnes rentrent définitivement sous leurs chaumières.

Toute l’activité industrielle de la cité marseillaise ne se circonscrit pas dans la riche industrie savonnière et dans ses annexes ; il y a d’autres branches de travail, telles que la raffinerie du sucre, la construction des appareils mécaniques, la tannerie, que leur importance ne permet pas de passer sous silence. Les raffineries de Marseille donnent lieu à un mouvement de 60 millions de francs, dont une vingtaine en droits de douane. Formant des agglomérations plus nombreuses que les fabriques de savon, elles ne comprennent jamais moins de 50 personnes ; il s’en trouve près de 500 dans une seule de ces usines, qui est peut-être la plus vaste et la mieux outillée du monde entier. Une fois admis dans ces établissemens, les ouvriers sont à peu près assurés de ne point manquer d’ouvrage. Plus mobile, la population des ateliers de constructions mécaniques se compose, environ pour moitié, de compagnons faisant ce qu’on appelle le tour de France. Le nombre total de ces ouvriers soit à Marseille même, soit dans le rayon de cette ville, dépasse le chiffre de 3,000 ; leur travail est alimenté par les besoins croissans de la navigation à vapeur dans le bassin de la Méditerranée. On ne compte guère moins d’un millier d’individus dans les tanneries, qui mettent en œuvre des masses de peaux brutes apportées des côtes barbaresques et de l’Amérique du Sud, et qui sont constituées dans des conditions vraiment manufacturières.

Au lieu de la diversité industrielle dont Marseille offre le spectacle, Toulon ne possède guère qu’une seule arène. À peu près exclusivement rétribué par l’état, le travail y est soumis à un régime qui contraste avec celui de l’industrie privée. Les ateliers dépendant de la direction des constructions navales comptent environ 3,500 ouvriers, ce qui permet de supposer que 12 ou 15,000 individus vivent des salaires payés par la marine. Un dixième d’entre ces travailleurs sont gradés sous le nom de contre-maîtres ou d’aides-contre-maîtres, et chargés de surveiller les opérations ; un autre dixième appartient à la catégorie des apprentis. Les professions qu’on peut appeler maritimes,