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On a calculé la puissance motrice déployée par la nature dans le soulèvement des eaux de la mer, dans la distribution des eaux sur les continens. La mobilisation d’une pareille masse effraie la pensée. Il faudrait, pour la produire, y employer le travail de toute l’humanité pendant des centaines de siècles. C’est pourtant ce que fait la nature pour ainsi dire en se jouant, sans efforts, sans résistance, par un travail aussi muet qu’irrésistible.

À mesure que l’on s’élève dans l’atmosphère, l’air est de plus en plus froid, et surtout il est excessivement sec. La vapeur d’eau semble ne pouvoir monter jusqu’à ces grandes hauteurs, Aussi tout accident qui ramène cet air froid et sec vers la plaine produit un effet auquel on est loin de s’attendre. D’abord cet air froid, en se comprimant, prend une très forte chaleur, et comme il est sec au point de n’être pas respirable sans danger à cette température, il produit les effets connus du simoun, qui sans doute a pour cause une masse d’air ramenée du haut de l’atmosphère par quelque contre-courant de trombe aérienne. Il est fatal aux animaux et aux plantes par sa trop grande chaleur, jointe à son extrême sécheresse. Dans une circonstance analogue, une masse d’air, se précipitant des montagnes de Candie vers les plaines de Famagouste, marqua son passage par la destruction et le dessèchement de tous les arbres fruitiers et sauvages qui se rencontrèrent sur la ligne qu’elle suivait. On ne dit pas l’effet qu’elle produisit sur les animaux.

Les vents, ces courans aériens de l’océan atmosphérique sans rivages, offrent mille applications naturelles des lois de la mécanique, de la physique, de l’hydraulique ; mais ici, que choisir, n’ayant pas des volumes pour tout dire ? — Parlons des modestes brises de terre et de mer qui le matin poussent au large le bateau des pêcheurs, et le soir le ramènent au port Nous sommes en France, au sud de Perpignan, à Collioure, près de ces vallées où les fours à briques sont alimentés par des piles de fagots de romarin et de lavande, saines et hygiéniques vallées qui faisaient autrefois déserter aux Romains leur brûlante et malsaine Italie. — Nous faisons aujourd’hui, je n’ose pas dire stupidement, tout le contraire ! — Là, point de marée. Les pêcheurs tirent leur barque sur le rivage, comme les matelots d’Homère, sans crainte que l’océan vienne les enlever à la pleine mer. Toute la nuit, la terre s’est refroidie, et l’air qui reposait sur elle a subi le même refroidissement. L’air de la mer ne s’est pas autant refroidi, car, à mesure que les gouttes d’eau de la surface se refroidissent, elles s’enfoncent et laissent la place à l’eau plus chaude d’au-dessous. L’air de la mer pose donc toujours sur un fond plus chaud que l’air de la côte, et il reste plus léger que l’air froid de la terre. Celui-ci, l’emportant par son poids, se précipite vers la mer souvent dès le milieu de la nuit. C’est la brise de terre. Le pêcheur, au matin,