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Londres est de 100 acres ou 40 hectares; on en trouve quelques-unes de 100 à 200 et un grand nombre au-dessous de 40. Parmi celles qui sont exploitées avec le plus d’intelligence figure celle de Willesden, à trois ou quatre milles seulement de Regent’s-Park. Elle se compose de 40 hectares, uniquement en herbages, dont 24 en prairie naturelle et 16 en ray-grass d’Italie; elle est louée près de 200 francs l’hectare, et le fermier paie en sus la dîme et les taxes, qui sont d’environ 50 francs par hectare.

Immédiatement au nord de Londres se trouve le petit comté de Hertford, tout rempli, comme celui de Surrey au sud, de maisons de campagne et de jardins. Il contient un des établissemens les plus curieux et les plus remarquables de l’Angleterre, le laboratoire de chimie agricole de M. Lawes, à Rothamstead-Park, près Saint-Alban. Cet établissement est aujourd’hui unique au monde depuis que le laboratoire du même genre établi à grands frais à l’Institut agronomique de Versailles a été détruit. Ln simple particulier a créé et soutenu à ses propres frais une entreprise dispendieuse qui fait ailleurs reculer des gouvernemens, et qui sera pour le pays entier d’une immense utilité. Toute l’Angleterre a les yeux fixés sur ses expériences, et en a déjà tiré de précieux renseignemens sur les variétés d’engrais qui conviennent le mieux aux diverses espèces de cultures et de terrains. Son laboratoire a les proportions d’une véritable usine; une machine à vapeur de la force de 10 chevaux, une étuve en fonte de 2 mètres et demi de long, des fourneaux énormes, tout concourt à étendre la portée de ses essais. On y réduit en cendres des bœufs entiers, pour en soumettre les débris à des analyses exactes. M. Payen, bon juge en pareilles matières, a vu ces ateliers et en a exprimé son admiration dans un rapport qui a été publié. Outre le laboratoire, un champ, de culture, de 5 à 6 hectares, divisé en 28 compartimens, sert à expérimenter les divers engrais.

Quiconque a un peu suivi de près le mouvement agricole moderne sait parfaitement que le moment approche où les progrès de la culture ne pourront plus être demandés qu’aux sciences proprement dites. Tout ce que peut faire l’expérience est bien près d’être fait. Le monde marche cependant, la population s’accroît, le bien-être se généralise; ce qui suffisait hier ne suffit plus aujourd’hui; ce qui suffit aujourd’hui ne suffira plus demain. Il faut tirer sans cesse de la terre, cette mère commune, de nouveaux trésors. Nous n’aurions devant nous que famine, dépopulation et mort, si Dieu, qui nous donne tous les jours tant de nouveaux besoins à satisfaire, ne nous avait donné en même temps un moyen puissant d’y parer. Ce moyen inépuisable, c’est la science, la science qui couvre le monde de ses merveilles, qui permet de converser en un instant par le télégraphe électrique d’un