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atteintes de la politique, et elles n’ont pas été dissoutes comme à Lodève après le 2 décembre ; mais elles auraient besoin de se développer sous l’égide intelligente de la fabrique.

La ville de Mazamet possède deux de ces associations, datant l’une de 1841 et l’autre de 1847, et qui ont toujours admis, comme dans le système de la loi nouvelle, des membres honoraires à côté des membres participans. L’une de ces sociétés est composée de catholiques, et l’autre de protestans. Dans le règlement de la société protestante, il est une disposition qui semble avoir été inspirée par le puritanisme des sociétés américaines de tempérance : Nul ne sera admis dans la société, dit-on, s’il ne prend l’engagement formel de s’abstenir d’une manière absolue du cabaret et du café; puis on ajoute, par manière de tempérament, « qu’un membre peut recevoir dans une auberge un étranger, pourvu qu’il en fasse la déclaration au surveillant de son quartier dans les vingt-quatre heures. » De telles règles doivent entraîner une surveillance perpétuelle sur les sociétaires. On n’a pas reculé devant cette conséquence, car un autre article porte que si un membre est vu dans un cabaret ou dans un café, il peut être dénoncé au bureau de la société, qui le cite à sa barre et lui applique les peines portées par les statuts. C’est ici, comme on le voit, l’enfance du règlement. Quand on débute dans le régime réglementaire, on craint toujours de ne pas établir assez d’entraves; on veut tout prévoir ou tout réprimer. Outre ces deux sociétés qui sont exclusivement réservées aux hommes, il en existe une autre pour les femmes constituée en 1847. On ne saurait trop applaudir à l’idée qui avait donné naissance à cette association, et qui, avant les facilités accordées depuis cette époque pour l’admission des femmes dans les sociétés mutuelles, cherchait à procurer des garanties à la branche de la famille industrielle la plus exposée aux atteintes de la misère.

La population de Castres, ayant précédé la ville de Mazamet dans l’industrie, l’a devancée également dans la pratique des institutions de prévoyance. Les associations castraises ressemblent encore davantage à celles du nord de la France; leur action se manifeste sous les formes les plus diverses. La société de Saint-François-Xavier déclare avoir pour but non-seulement l’amélioration du sort des ouvriers, mais encore le progrès intellectuel et moral de ses membres; elle admet le principe de secours en dehors du cas de maladie; elle consacre une certaine somme à des prêts gratuits. La société des ouvriers castrais, sous le patronage de saint Jacques, avait voulu, à son origine, combiner les avantages de la tontine et de la caisse d’épargne. La législation ultérieure sur les sociétés de secours mutuels et sur la caisse nationale des retraites a dû entraîner diverses