posée sur ce livre. Deux autres portent le manteau royal pourpre à étoiles d’or ; deux autres, le sceptre, et la main de justice. Tout le reste marche ainsi confondu. Tarare et Astazie montent sur le trône.
« Après que Tarare a été couronné en cérémonie, tous les ordres de l’état, dit le livret, se prennent sous le bras, s’avancent en cercle ainsi confondus, et répètent en chœur avec enthousiasme :
Roi, nous mettons la liberté |
Ces deux derniers vers étaient destinés à constater le principe de la souveraineté nationale. Avant d’arriver à faire ses réserves, comme monarchiste ami de l’ordre et des lois, l’auteur de Tarare est naturellement obligé de se ménager la bienveillance des patriotes avancés par de grandes concessions aux idées du moment.
« Des bonzes, dit le livret de 1790, suivis de quelques vierges brahmines[1], s’avancent aux pieds du trône de Tarare et chantent :
Du culte de Brahma prêtres infortunés, TARARE, se levant.
De tant de retraites forcées, |
« Toute l’assemblée lève les mains en signe d’approbation. »
Voilà le mariage des prêtres accordé. Sur la question du divorce, Beaumarchais ne peut pas se montrer plus rebelle aux vœux des patriotes avancés. L’eunuque Calpigi, très indûment marié à Spinette, s’avance avec elle au pied du trône de Tarare. Ils chantent un duo demandant le divorce ; Tarare répond par un récitatif accordant le divorce. Suit, dit le livret, une danse pittoresque peignant le sentiment d’un divorce ou de gens qui se fuient et prennent d’autres engagemens.
Une troisième question se présente, qui agite également les esprits en 1790 : c’est celle de la liberté des nègres. Cette question divise même les patriotes de l’assemblée constituante, dont plusieurs, Barnave en tête, redoutent pour la sécurité des colons un affranchis-
- ↑ Étrange idée d’associer des bonzes et des vierges brahmines ; mais Beaumarchais n’y regardait pas de si près.