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Ainsi, dans la dernière moitié de mars et dans celle de novembre, comme du 16 juillet au 12 août, Mercure marchera à l’occident. Il en est de même de Vénus, du 5 au 19 février, ce qu’on peut reconnaître facilement en la comparant aux étoiles voisines du Verseau. Depuis le mois de février jusqu’au 15 avril, Mars ira de même vers les étoiles occidentales, et pourra être comparé à Régulus, situé dans son voisinage. Jupiter, du 15 mai au 15 septembre, exécutera le même tour de force entre les étoiles du Capricorne et celles du Sagittaire. Enfin Saturne, au milieu de la constellation du Taureau, marchera aussi vers l’ouest depuis le 30 septembre jusqu’à la fin de l’année.

Une des occupations les plus agréables et les plus instructives, c’est la comparaison du ciel étoilé avec une carte du ciel faite de manière à reconnaître les diverses constellations dont les étoiles servent de points fixes auxquels on rapporte la marche du soleil, de la lune, des planètes et des comètes, et même les changemens plus lents que les siècles amènent dans notre système solaire. Plusieurs astronomes, et notamment sir John Herschel, ont montré un grand dédain pour ces bizarres figures d’hommes et d’animaux dont l’antiquité avait peuplé son ciel. Cependant les divisions mathématiques qu’on a proposé d’y substituer n’ont obtenu aucune sympathie. Ces configurations ont été étudiées par Hipparque, par César et par Cicéron. Plusieurs remontent au-delà de Thalès, qui nomma la Petite-Ourse, puisqu’on les trouve dans Homère et dans le Livre de Job. Ainsi elles ont la consécration d’une vénérable antiquité. J’avoue que les figures des animaux célestes sont loin d’être correctes, et que la Grande-Ourse d’Homère comme la Petite-Ourse de Thalès sont dessinées avec de longues queues, tandis que les ours et ourses terrestres en sont dépourvus ; mais si pour chaque étoile vous mettez un chiffre d’ascension droite et un autre de distance polaire avec degrés, minutes et secondes, il n’y a point de mnémonique, même la mnémonique miraculeuse de M. Pick, qui puisse retenir tant de nombres, encore moins se représenter la situation respective des astres ainsi désignés. Les dénominations païennes du ciel ont résisté même aux scrupules des astronomes catholiques depuis saint Augustin jusqu’à nos jours. Nous avons de belles cartes célestes où les douze signes du zodiaque ont pris les noms des douze apôtres, où la constellation du Navire est devenue l’Arche de Noé, et où toutes les autres constellations ont reçu la dénomination d’un saint ou d’un objet sacré ; mais le zèle pieux de l’auteur n’a obtenu aucun assentiment même dans les écoles ecclésiastiques, et rien ne fait présumer que les anciennes figures soient près de disparaître du ciel ; seulement on a soin de les dessiner en traits légers ou en rouge, de manière à ne pas couvrir les signes des étoiles, qui sont la réalité dont les figures ne sont que la fantaisie. Pour suppléer à un exposé imparfait et difficile à comprendre, le lecteur voudra bien recourir à une carte céleste en s’attachant d’abord de préférence aux étoiles voisines du pôle, au milieu desquelles on n’a point à craindre que les planètes viennent se placer, opérant ainsi une confusion fatale. Au reste, la scintillation est un caractère qui fait reconnaître infailliblement les étoiles ; mais au premier coup d’œil, et avec un peu de distraction, on pourrait méconnaître les constellations voisines de la zone que parcourent les planètes. Voilà pourquoi on fera bien de reconnaître d’abord les deux ourses et ensuite les autres constellations