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avec ardeur la solution des difficultés les plus obscures ! Puisse Dieu le conduire et le protéger !

« Et ensuite, vous nous avez demandé, notre opinion sur les chevaux barbes, leurs qualités et leur origine. Pour vous plaire, je me suis encore occupé de ces questions, et je ne puis rien faire de mieux aujourd’hui que de vous envoyer des citations empruntées aux poésies du fameux Aâmrou-el-Kaïs, qui vivait peu de temps avant la venue du prophète. Elles ont trait à la supériorité, des chevaux berbères, et je crois vous fournir là des preuves contre ceux qui soutiennent que ces admirables animaux n’ont que des qualités inférieures.

« Le poète dit, en s’adressant au César empereur de Constantinople dans une longue pièce de vers :

« Et je t’en réponds, si je viens à être rétabli roi, nous ferons une course où tu verras le cavalier se pencher sur la selle pour augmenter la vitesse de son cheval ;

« Une course à travers un espace foulé de tous côtés, où l’on ne voit d’autres éminences pour diriger les voyageurs que la bosse d’un vieux chameau nabathéen chargé d’années et poussant de plaintifs mugissemens.

« Nous serons, te dis-je, portés sur un cheval habitué aux courses nocturnes, un cheval de race berbère,

« Aux flancs sveltes comme un loup de Gudu, un cheval qui presse sa course rapide, dont on voit les flancs ruisseler de sueur.

« Lorsque, lâchant la bride, on l’excite encore en le frappant avec les rênes de chaque côté, il précipite sa course rapide, portant sa tête sur ses flancs et rongeant son mors.

« Et lorsque je dis : Reposons-nous, — le cavalier s’arrête comme par enchantement, et se met à chanter, restant en selle sur ce cheval vigoureux dont les muscles des cuisses sont allongés et les tendons secs et bien séparés. »

« Aâmrou-el-Kaïs est un des anciens rois arabes, qui s’efforça, pour combattre ses ennemis, de se procurer des chevaux berbères ; il doutait du succès s’il lui fallait se fier aux qualités des chevaux arabes.

« Il n’est pas possible, suivant moi, de donner une preuve plus invincible de la supériorité des chevaux barbes ; après un semblable témoignage, il ne reste à celui qui la contesterait aucune allégation de quelque valeur à présenter.

« Les Berbères sont, d’après El-Massoudi, originaires des Béni-Ghassan et autres : certains auteurs avancent qu’ils viennent des Béni-Eakhm et des Djouzam. Leur première patrie fut la Palestine, d’où ils auraient été chassés par un roi perse. Ils émigrèrent vers l’Égypte, mais le souverain du pays leur en interdit le séjour ; ils franchirent alors le Nil et se répandirent dans les contrées qui sont à l’ouest et au-delà du fleuve.

« Malek-ben-el-Merahel a dit que les Berbères forment une population très nombreuse composée de Hymiar, de Modher, de Coptes, de Amalkas et de Kanéan, qui s’étaient réunis dans la province de Scham (Syrie) et avaient pris la dénomination de Berbères. Leur émigration dans le Maghreb, d’après cet historien, ainsi que d’après El-Massoudi, El-Souheïli et lîl-Zabari, est due