La Chasteigneraye, assaillant, armé de ses armes, fut aussitôt conduit par M. d’Aumale, pour honorer l’intérieur du camp, suivi de ses confidens et de sa compagnie, musique en tête, avec hérauts et poursuivans d’armes, lesquels tenaient en main leur bâton bleu surmonté d’une croix d’or ou d’argent. Après lui, Jarnac, assailli, fut mené par M. le grand écuyer, en compagnie de ses témoins et amis, trompettes sonnant, tambourins battant, pour rendre les honneurs à l’intérieur de la lice, précédé également par les hérauts et poursuivans d’armes. Devant lui, on portait les armes offensives du combat : quatre épées que tenaient MM. d’Urfé, de La Garde, de Saint-Julien et de Cezay, — quatre daguettes à savoir : deux grandes et deux petites, — dont étaient chargés M.M. de Saint-Vanray et de Beaumont.
Les deux cortèges ayant défilé successivement au pied de la tribune royale, chacun des combattans s’agenouilla sur un carreau de velours et d’or ; là, après avoir entendu les représentations du prêtre commis à cet effet, ils prêtèrent, entre les mains du connétable, sur les saints Évangiles, le serment qu’on va lire :
« Moy, François de Vivonne, jure sur les saincts Évangiles de Dieu, sur la vraye croix de Nostre-Seigneur, et sur la foy de baptesme que je tiens de luy, qu’à bonne ni juste cause, je suis venu en ce camp pour combattre Guy Chabot, lequel a mauvaise et injuste cause de se défendre contre moi. Et outre que je n’ay sur moy ny en mes armes paroles, charmes ny incantations desquels j’aye espérance de grever mon ennemy et desquels je me veuille aider contre luy, mais seulement en Dieu, en mon bon droit, en la force de mon corps et de mes armes. »
« Moy, Guy Chabot, jure sur les saincts Évangiles de Dieu, sur la vraye croix de Nostre-Seigneur et sur la foy du baptesme que je tiens de luy, que j’ay bonne et juste cause de me défendre contre François de Vivonne, et outre que je n’ay sur moy ny en mes armes paroles, charmes ny incantations desquels j’aye espérance de grever mon ennemy, et desquels je me veuille aider contre luy, mais seulement en Dieu, en mon bon droit et en la force de mon corps et de mes armes. »
Les combattans ayant été ramenés ensuite chacun à son siège, vis-à-vis l’un de l’autre, on procéda à l’accord des armes offensives en présence du roi, du connétable et des maréchaux de France. Ces armes consistaient en deux épées ordinaires et portatives. La garde de ces épées était faite à une croisée et à pas-d’âne, puis venaient quatre daguettes bien épointées, deux pour chaque combattant ; en outre, deux épées de rechange étaient confiées au connétable pour remplacer celles qui se rompraient. Les épées furent mises aux