Misérable vieillard !
Eh ! oui, sans doute, je suis un misérable vieillard,… un misérable vieillard qui a eu dans sa longue carrière plus d’une belle occasion de maudire l’existence et de jeter sa défroque sur la route, — mais qui n’en a jamais eu la pensée, monsieur, parce que, s’il a manqué de pain quelquefois, il n’a jamais manqué de cœur.
Drôle !… Qui es-tu ? Qui t’a payé, encore une fois, pour me parler ainsi ? Mais tu n’es qu’un agent subalterne dans l’intrigue qui m’enveloppe,… ce n’est pas à toi que je m’en prendrai ;… j’irai jusqu’aux machinateurs de cette outrageante comédie ;… ils sauront qu’il en peut coûter cher de rire à mes dépens… Où est la maîtresse ?… Maintenant je veux la voir !…
La voici, jeune homme. (La porte latérale s’ouvre ; mademoiselle de Kerdic paraît.)
Scène II.
à peine entrée.
Ah ! c’est bien… Madame, ou mademoiselle… (Il fait violemment deux pas vers elle, et s’arrête tout à coup, comme frappé de la distinction et de la dignité que révèlent les traits et la tenue de la veille ; il s’incline.)
Que veut monsieur, François ?
Mademoiselle, il veut se noyer.
Qu’est-ce que c’est donc ? (Le comte les regarde tour à tour avec un mélange d’embarras et de surprise soupçonneuse.) Monsieur, une fois rentrée chez moi, j’espérais être à l’abri d’une persécution… vraiment inexplicable. J’ai beau rappeler mes souvenirs, je ne vous connais pas. Que me voulez-vous ?
Mademoiselle, je ne puis concevoir… Il est impossible… (Il la regarde encore.)
Votre extérieur, monsieur, semble annoncer un homme dont l’esprit est sain, et cependant…
Ma conduite est aussi folle qu’inconvenante, n’est-il pas vrai ? Mais veuillez me croire sur parole, mademoiselle, les circonstances singulières dont je suis le jouet justifient ce qui vous paraît être le plus inexcusable dans mes procédés. — Il m’a suffi, au reste, de