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Ayons encore recours à l’éloquence des chiffres pour arriver promptement à nous faire une idée exacte de l’accroissement de la prospérité commerciale dans l’Inde.


En 1834-33, les importations s’étaient élevées à une valeur de 61,541,298 roupies.
En 1849-50, elles avaient atteint le chiffre de 136,966,960
Augmentation en 15 ans 75,425,662
ou environ 188,564,155 fr.
En 1834-35, les exportations avaient été de la valeur de 81,881,610
En 1849-50, elles ont été évaluées à 182,835,434
Augmentation en 15 ans. 100,953,824 roupies.
Soit, environ 252,334,560 fr.

L’augmentation sur les importations et les exportations réunies, en quinze ans, a été de 176,379,486 roupies, soit en fr. : 440,948,715 ; c’est un accroissement moyen de 29 à 30 millions par an, et à ce taux les résultats du mouvement commercial ont été plus que doublés en quatorze ans.

L’inspection de ces chiffres prouve d’ailleurs que la consommation des produits européens dans l’Inde augmente chaque année dans une proportion tellement considérable, qu’elle implique une augmentation correspondante dans l’aisance générale. Nous pouvons mentionner à ce propos un fait très significatif : il s’était importé pour 17,500,000 fr. de cotonnades anglaises en 1833-34 ; la valeur de cette branche d’importation s’est élevée en 1850-51 à 73, 750,000 fr. : elle avait donc plus que quadruplé en dix-sept ans.

Les véritables moyens d’augmenter le bien-être des populations d’une manière durable et progressive se trouvent, avant tout, dans les mesures dont l’application encourage l’agriculture et favorise son développement par un grand système d’irrigation et par l’amélioration du système des communications intérieures[1]. À ce double point

  1. L’opinion de sir Erskine Perry sur la sollicitude que les gouvernemens indigènes ont témoignée à toutes les époques de l’histoire de l’Inde pour les voyageurs mérite d’être citée. « Rien ne m’a plus frappé, dit sir Erskine Perry (introduction aux mémoires imprimés à Bombay en 1852 : « Two Hindus on English education. »), pendant mes excursions dans l’Inde, que les monumens de la sympathie manifestée, depuis les temps les plus reculés et depuis l’Himalaya jusqu’au cap Comorin, pour les besoins et l’agrément des pauvres voyageurs. Il est probable que la civilisation précoce de l’Inde est due en grande partie à la facilité avec laquelle on a pu pénétrer dans ses vastes plaines et les parcourir dans toutes les directions pendant neuf mois de l’année, grâce aux routes et à l’hospitalité gratuite offerte par les souverains indigènes et les riches de toute caste à ceux que des motifs religieux ou d’autres intérêts appellent d’un point de l’Hindoustan à un autre. »