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douce ou salée, de même que le long des flancs des montagnes de l’équateur, la végétation et aussi les espèces animales varient depuis les peuplades tropicales jusqu’à celles des zones tempérées et de la Norwége ou de la Sibérie. La météorologie du fond de la Méditerranée, si différente de celle des plaines ou des vallées continentales, pour être plus difficile à connaître, n’en est pas moins curieuse. L’ouvrage de l’amiral Smyth donne l’énumération des produits ichthyologiques de cette mer ; mais l’influence de la profondeur, d’ailleurs bien indiquée dans l’ouvrage, n’y est pas mise en ligne de compte, quoiqu’il ait très bien établi que, d’après la profondeur des mers qui les entourent, la Sardaigne et la Corse sont, suivant lui, de véritables îles marines, tandis que la Sicile, à peine séparée de l’Italie et de l’Afrique par des mers peu profondes, est, suivant son expression pittoresque, une île continentale, c’est-à-dire une île tenant au continent par des terrains à peine submergés. En suivant cette nomenclature, on peut dire que l’Angleterre est, par rapport à l’Europe, une véritable île continentale, puisqu’elle n’est séparée de la France que par un canal de quelques centaines de mètres de profondeur, tandis qu’en dehors des deux Finistères anglais et français, la sonde n’atteint pas le fond à plusieurs milliers de brasses. On peut prendre pour terme de comparaison la mince couche d’eau qui couvre les parapets des ponts de la Seine pendant la pluie, comparée à la profondeur d’eau de la rivière elle-même, et on sera encore au-dessous de la vérité.

Pour en finir avec la question relative à la quantité d’eau de la Méditerranée, nous dirons qu’en certaines localités, même loin des embouchures des fleuves et des dépôts qu’ils charrient dans la mer, on remarque certaines étendues de terrain qui semblent avoir été abandonnées par la mer, tandis que celle-ci a gagné sur d’autres points, Ce fait se rapporte à une question bien plus générale, que nous ne pouvons examiner ici dans toute son étendue, savoir : le changement de forme de la terre quant à son noyau et à sa surface. Lors de la catastrophe, comparativement récente, qui a fait surgir les continens et déprimé le bassin des mers, un brusque changement a eu lieu dans l’aspect de notre globe ; mais ensuite les mêmes effets ont dû continuer à se produire sur une échelle infiniment moindre, et cependant, sensibles pour l’homme à cause de sa petitesse, ces changemens sont surtout apparens à la limite de la terre et des eaux, qui nous donnent un nivellement perpétuel des côtes. Toute la partie occidentale de l’Europe se soulève ainsi graduellement, comme j’ai pu le constater par plusieurs renseignemens authentiques. Le soulèvement des bords de la Baltique est connu et constaté depuis longtemps. Sur les côtes de France, qui s’enfoncent sous l’Océan par une pente douce et graduée, le moindre soulèvement est révélé par