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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/1221

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on le lit dans une inscription à l’intérieur, qui fut la mère du soleil de justice.

Outre la forme ordinaire de leurs temples, les Romains empruntèrent aux Grecs des édifices appelés d’un nom grec basiliques, et qui paraissent avoir servi en Grèce à la fois de bourse et de tribunal. À Rome, ils ne furent vraisemblablement que des tribunaux. La bourse romaine, c’est-à-dire le lieu où se réunissaient les usuriers, était dans le Forum, et ce qu’il y avait de transactions commerciales se faisait autour d’un de ces arcs nommés janus qui étaient destinés à abriter les vendeurs au milieu des marchés ; celui qui fut placé dans le marché aux bœufs (forum boarium) existe encore. Ces janus, pour le dire en passant, constituent une classe de monumens usuels étrangers à la Grèce, et qui appartient exclusivement aux Romains.

Les basiliques romaines, dont pas une ne subsiste entière, paraissent, d’après ce qui reste de ces édifices, avoir été semblables aux basiliques grecques, dont on peut juger par celles de Pompéi. On peut aussi s’en faire une idée par les anciennes églises chrétiennes, qui en prirent la forme et le nom. Les chrétiens répugnaient, dans l’origine, à se servir des temples consacrés aux faux dieux pour la célébration des saints mystères. La basilique, édifice purement civil, n’offrait pas les mêmes inconvéniens ; d’ailleurs sa disposition était très favorable au culte chrétien. Le siège du juge devint la chaire de l’évêque, tournée vers le peuple comme on le voit dans toutes les églises anciennes, disposition qu’elle a conservée à Saint-Pierre, et qu’on vient de renouveler dans l’église de Saint-Paul, rebâtie après un incendie. C’est pourquoi cette partie de la basilique chrétienne a reçu le nom de tribune, à cause du tribunal qui y était anciennement placé. La disposition des basiliques fut trouvée si commode, qu’après l’avoir empruntée, on l’imita longtemps dans les églises, dont plusieurs ont conservé le nom de basilique sans en avoir gardé la forme. Tel a été le sort de la basilique, originairement grecque, mais qui à Rome a pris, comme le temple lui-même, une grandeur et une étendue qui en font presqu’un monument d’une autre espèce, ainsi qu’il est facile de s’en convaincre par les restes de deux basiliques romaines, celle de Trajan et celle de Maxence, achevée par Constantin. Ce qui subsiste de celle-ci suffit pour en faire aujourd’hui la troisième ruine de Rome, venant immédiatement après le Colysée et les Thermes de Caracalla. Je ne crois pas que jamais en Grèce une basilique ait approché, pour l’étendue, de la basilique de Constantin. Il fallait que Rome agrandit ainsi les dimensions de la basilique grecque pour qu’elle put contenir la multitude, chrétienne qui allait s’y presser.

En supposant que des jeux scéniques réguliers aient été introduits par les Étrusques, il est certain que les théâtres sont d’origine grecque.