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LA NEERLANDE
ET
LA VIE HOLLANDAISE

Iv.



Dans presque tous les pays civilisés, l’homme, ayant détruit les forêts, a cherché sous la terre ses moyens de chauffage. Il vit de la sorte sur un fonds de végétation ancienne dont la sage prévoyance de la nature lui a conservé les restes. La houille, l’anthracite, la tourbe, suivant les diverses contrées géologiques, suppléent à l’absence du bois, qui devient de plus en plus rare. Les tourbières sont distribuées sur plusieurs régions de l’Europe : on les retrouve en Angleterre, en France, en Allemagne, en Suisse et même en Italie ; mais nulle part elles ne se montrent aussi abondantes que dans les Pays-Bas. On pourrait dire que la Néerlande est la patrie de la tourbe. Ici en effet, sous une couche d’argile ou de sable, il n’est pas rare de rencontrer cette terre noire et bitumineuse dont les habitans se servent pour faire du feu. En creusant les canaux, en posant les fondemens des maisons, on met tous les jours à nu les veines de ce combustible enfoui depuis des siècles. À quelques pieds de la surface, la tourbe apparaît. En certains endroits, elle se révèle par la nature inconsistante du sol. La terre élastique et comme gonflée d’eau cède

  1. Voyez les livraisons du 1er juillet, 15 août et 15 octobre 1855.