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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/269

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est probable que ses intentions n’étaient pas suffisamment arrêtées, peut-être ne le sont-elles pas encore, et n’y a-t-il aujourd’hui de décidé pour lui qu’une chose, c’est qu’il ne veut pas du second rang. C’est à merveille, pourvu qu’on soit du premier. Sa connaissance de l’Orient et un voyage récent en Turquie l’ont fait écouter dans ces dernières années, quoiqu’il ait été toujours assez difficile de savoir où il en voulait venir. C’était évidemment passer le but que de comparer, comme il l’a fait, la situation du mois de février dernier à la veille de la révolution française, et de conseiller à la chambre des communes l’exemple de la convention nationale et l’envoi des représentans du peuple en mission.

Après M. Layard, celui qui a frappé le plus grand coup en faveur de la réforme administrative, c’est M. Lyndsay. Le 23 mars, on discutait certains abus ou manquemens reprochés au service des transports pour l’armée; M. Lyndsay généralisa l’attaque, et dans un discours étendu, il dit que le système était vermoulu, pourri, rotten, jusqu’au centre, et bien entendu que le gouvernement était tombé au-dessous de l’industrie privée. Ce rapprochement est devenu classique dans la question. M. Lyndsay est un libéral avancé; il est entré comme tel dans la chambre il y a un an; il a écrit nombre de brochures sur les affaires navales, et il est à la tête d’un établissement fort intéressant pour le commerce maritime. Son langage n’avait rien qui put surprendre; mais, ce qui dut produire plus de sensation, sir Stafford Northcote remercia M. Lyndsay d’avoir appelé l’attention sur l’ensemble du service civil. Il dit que le gouvernement et le pays avaient fait un immense effort, et que cependant il y avait eu en général insuccès, failure. Tout avait conspiré pour donner la plus fâcheuse idée de la manière dont la nation, dont le pouvoir même était servi, et quant à lui, sans vouloir ni suivre ni exciter la clameur publique, il ne pouvait s’empêcher de dénoncer le mal où il le voyait, dans l’organisation du personnel des bureaux. On ne le suivit pas sur ce terrain, et l’on revint au service des transports. On dut remarquer toutefois que sir Stafford Northcote est un homme capable et modéré. Il a été l’un des collaborateurs intimes de M. Gladstone pendant que celui-ci était chancelier de l’échiquier. On peut donc le regarder comme un de ces réformistes qui ne sont pas sans une bonne proportion d’esprit conservateur. Et en effet, dans toute cette question, nous distinguerons l’action simultanée de deux opinions, une opinion du dehors, un peu bruyante, un peu hasardeuse, excitée et produite avec déclamation par quelques hommes nouveaux qui ont de l’ardeur et de l’inexpérience, et une opinion réfléchie, méthodique, conçue avec étude et exprimée avec une rigueur un peu puritaine par des hommes