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n’est qu’un des épisodes de la lutte où il s’est engagé contre le parti libéral, pour rétablir le régime de 1840 et satisfaire les prétentions de l’ordre équestre. Un autre incident de cette lutte a été un décret qui défend aux tribunaux de contester la validité des derniers changemens apportés à la constitution par la volonté du souverain, qui crée une haute cour de justice pour connaître des contraventions, et qui met par là en suspicion tout le corps judiciaire du royaume. Cependant ces actes d’autorité n’ont pas troublé jusqu’ici la tranquillité publique, et la soumission extérieure du pays est entière. Reste seulement à savoir quel résultat donneront les opérations électorales qui doivent prochainement renouveler la seconde chambre, et si la constitution pourra fonctionner sans trop de tiraillemens, mieux, par exemple qu’en Hesse-Cassel, où les chambres siégent en vertu d’une constitution qu’elles ne reconnaissent pas. Il y a en même temps à Cassel une crise ministérielle qui ne se rattache pas à l’affaire de la constitution, et qui à son origine dans l’éloignement de l’électeur pour la personne du docteur Vilmar, dont le cabinet voulait lui imposer la nomination à l’une des premières dignités ecclésiastiques du pays. C’est, il est vrai, une tempête dans un verre d’eau. Néanmoins la retraite d’hommes aussi compromis dans la réaction allemande que MM. de Hassenpflug et de Haynau n’est pas tout à fait sans importance, parce qu’il n’y a pas dans la Hesse électorale beaucoup de ministères de rechange, si l’on nous passe cette expression familière, et que les choix du prince seront renfermés dans un cercle très étroit, pour ne pas aller jusqu’aux nuances les plus affaiblies de l’opinion libérale. Aussi le ministère démissionnaire est-il représenté comme bien difficile à remplacer dans une brochure qu’il a au moins inspirée, pour ne rien dire de plus, où l’on rappelle avec emphase et avec un singulier mélange d’exaltation mystique les services qu’il croit avoir rendus, et où l’on met en quelque sorte l’électeur au défi de lui trouver des successeurs, M. de Hassenpflug et ses collègues y sont loués sans détour de leur opposition à la politique française et de leur attachement au système prussien ; le parti constitutionnel hessois est traité sans façon comme un troupeau de mais incapables et dupes de la démagogie ; en tout, ce petit écrit, d’une rédaction souvent obscure, représente assez bien les tendances du parti féodal, auquel les circonstances ont rendu, dans une grande partie de l’Allemagne, un ascendant dont il abuse.

Malgré toute la modération avec laquelle le gouvernement français a cherché à ramener la cour de Naples, on a pu se demander, presque jusqu’au moment où nous écrivons, si les griefs qu’a donnés le mauvais esprit de l’administration napolitaine recevraient à temps une satisfaction suffisante pour conjurer des mesures de rigueur que plusieurs indices semblaient présager ; mais une note du Moniteur annonce que le différend est terminé. Le gouvernement des Deux-Siciles, écoutant sans doute de sages conseils, n’a pas voulu pousser à bout notre patience, et a compris que l’alliance lointaine qu’il ménage avec tant de soin ne lui serait d’aucun secours, s’il continuait à braver deux puissances qui sont plus que jamais maîtresses de la Méditerranée. Il dépend maintenant de lui que cet incident n’ait pas d’autres suites. L’avenir nous dira si l’esprit qui l’animait s’est réellement modifié. Tout prouve que le maintien de la tranquillité de ses états est à ce prix, car la