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matérielle du pauvre précèdent ou tout au moins accompagnent les développemens à donner à l’éducation populaire. Aux yeux de M. Greg, le savoir nécessaire ne peut jamais être dangereux, si un bien-être relatif dans le peuple et une activité manifeste pour le bien public dans le pouvoir luttent contre les suggestions de la souffrance et de l’irritation.

V. — Le moyen d’assurer ainsi tous les avantages de l’instruction commune, c’est, après l’établissement, d’un système financier qui prenne le bonheur public pour moyen et pour but, d’organiser, d’encourager toutes les institutions de prévoyance. La grande et presque l’unique cause des maux et des plaintes des ouvriers dans les districts manufacturiers, et même jusqu’à un certain point dans les campagnes, est une certaine mobilité inhérente au commerce ; ce sont les variations du marché. Les vicissitudes qui troublent l’industrie, pour n’avoir point leurs causes dans les nuages, ne sont pas moins irrésistibles que celles qui atteignent l’agriculture ; mais ce sont de ces sinistres qui peuvent se prévoir en général, sinon en particulier, et contre lesquels on a la ressource de l’assurance. L’épargne dans toutes les classes est une assurance au moins contre la vieillesse. L’homme qui vit d’un salaire journalier n’a donc qu’une chose à exiger de l’ordre économique établi, c’est que ce salaire soit en moyenne assez considérable pour offrir une marge à l’économie. Or c’est ce qui arrive en général ; cependant l’état n’y peut contribuer que par la prospérité publique et par un système d’impôts qui abaisse le prix du nécessaire. On trouve dans plusieurs des essais de M. Greg des chiffres d’un grand intérêt relatifs aux gains des ouvriers anglais. Il en résulte une évidente possibilité d’opposer l’épargne dans le présent au chômage de l’avenir. Et d’ailleurs les faits ont parlé. En 1850,1,092,581 personnes avaient placé dans les caisses d’épargne une somme de dépôts s’élevant à 27,198,563 livres sterling, et l’on estimait que les sociétés de secours mutuels enregistrées ou non enregistrées, au nombre de 33,223, comptaient 3,052,000 membres fournissant par souscription une somme annuelle à dépenser de 4,980,000 livres sterling et en ayant déjà accumulé 11,360,000. Cependant la législation n’a pas toujours donné et ne donne pas encore à ces institutions toutes les garanties et toutes les facilités désirables. M. Greg signale plus d’une lacune, indique plus d’un amendement ; mais il expose et recommande avec soin les avantages d’autres institutions telles que les sociétés d’assurance sur la vie, les sociétés pour la construction des maisons, dans lesquelles le souscripteur gagne d’abord le logement, puis la propriété du logement, — les sociétés qui mettraient à la portée du pauvre l’acquisition du petit fonds de terre nécessaire pour une habitation et un jardin, etc. Toutes ces