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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 1.djvu/87

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moyenne et ; la Basse-Égypte. Selon toute vraisemblance, cette navigation s’habituera à descendre et à remonter par le canal des deux mers et par des canaux destinés à en alimenter les biefs inférieurs, qui seront dérivés du Nil ; à l’ouest ou à l’est, à une grande distance en amont du Caire. D’autres stations se créeront à son usage. Le vieux port intérieur sera délaissé ; c’est une éventualité aussi positive que la différence de 19 mètres ; cote des hautes eaux, à 31 mètres, cote du plan d’eau du pont-canal. Le Caire ne deviendra pas le port de la navigation européenne et cessera d’être le port de la navigation égyptienne. Le canal est à ses portes, mais il est inaccessible. C’est le détrônement de la capitale de l’Égypte Nous avons dû insister sur ce point, puisqu’on justifie le tracé par l’intention expresse de favoriser le Caire, tout aussi bien qu’Alexandrie, de la présence du canal.

Ferons-nous ; observer que ce tracé nécessitera de nombreuses écluses ? En tout il y en aura vingt au moins. À une demi-heure pour le passage de chacune, ce sont dix heures, et si la navigation se fait à 4 kilomètres par heure, le canal qui a 392 kilomètres, est allongé de 40 kilomètres pour la durée du parcours. On a aussi entrevu sans doute que l’alimentation du pont-canal ne pouvait être qu’exceptionnelle. Puisque son plan d’eau est à 12 mètres au-dessus des hautes eaux du Nil, j, il faudra bien, durant l’étiage, élever chaque jour à 16 mètres de hauteur à peu près un million de mètres cubes d’eau par des machines à vapeur, ce qui représente un effort théorique d’environ 2,400fchevaux au lieu de 6 ou 800 chevaux qu’on a comptés ce qui suppose les frais d’un matériel à installer et des dépenses d’entretien et de combustible. Lors de la crue, l’élévation étant moindre, les dépenses diminueront ; mais, lors des basses eaux, ne faudra-t-il pas doubler le million de mètres cubes d’eau afin de réparer les pertes occasionnées par l’évaporation ? Ce ne serait point assez si les infiltrations considérables dans biefs supérieurs n’étaient prévenues par la construction de ces biefs en maçonnerie

Ce calcul des eaux nécessaires à l’alimentation n’est pas destiné seulement à montrer ce qu’il en coûte pour les élever, il montre ce que le canal emprunte au Nil. Tout en approuvant la choses on doit considérer le bon emploi des eaux empruntées et l’à-propos de l’emprunt. Or, par suite de son tracé, le canal ne sera qu’un instrument imparfait de fertilisation. La branche de Suez, qui traverse une région déshéritée, servira ; la branche d’Alexandrie ne fera rien qui ne soit ou ne puisse être faite par les canaux existans et par la branche de Rosette, qu’elle accompagne de près ou de loin, et dont elle sembla la doublure. Ce qui est plus grave, c’est que le canal s’approprie les eaux du fleuve à un point où, en vertu de l’élévation, elles sont