justement le dissentiment qui venait de se renouveler entre la Russie et la Suède à propos des pêcheries du Finmark norvégien et des frontières communes de ce côté. Depuis bien longtemps, les intrigues russes pour pénétrer vers les ports du Finmark tracassaient et irritaient Bernadotte. Le cabinet de Pétersbourg voulait en finir, et il s’agissait précisément en 1838 de conclure un traité qui sur ce point lui assurât de notables avantages. La résistance du cabinet suédois commençait à l’inquiéter. Le tsar avait donc voulu essayer de son ascendant personnel, et peut-être de nouvelles résistances lui avaient-elles donné occasion de rappeler devant toute la famille royale qu’après tout on ne s’appartenait plus…
Nous n’avons pas le dessein de retracer tous les empiétemens de la Russie dans l’extrême Nord, en vue de s’emparer de quelques-uns de ces golfes qui ne gèlent jamais, en vue d’y établir des pêcheries, sources de richesses et pépinières de hardis matelots, en vue surtout d’avoir une station de marine militaire toujours ouverte sur l’Océan. Le traité signé le 21 novembre entre la Suède et les puissances occidentales a signalé le danger. Aux termes de la circulaire du 18 décembre, explicative du traité, ce danger menace, outre la Suède et la Norvège, l’Europe tout entière ; il y a solidarité entre les deux questions ottomane et Scandinave, et cela rend indubitablement nécessaires, dans les dispositions encore inconnues de la paix générale, un règlement précis et définitif de la frontière commune du Finmark, une décision sur les îles d’Aland et une consécration nouvelle de la garantie promise au gouvernement suédois.
Les rapports extérieurs du Danemark ne seront-ils pas réglés en même temps que ceux de la Suède et de la Norvège ? Cela serait important. Le Nord Scandinave et l’Europe sont également intéressés à ce que ce petit royaume ne reste pas à la merci de l’influence orientale. Il aurait fallu qu’il s’engageât, lui aussi, à ne laisser occuper par les Russes et à ne leur céder aucune partie de son territoire. L’île danoise de Bornholm leur serait trop utile, même après la guerre, comme lieu de dépôt et comme point d’appui. — Que la Finlande reste en dehors des calculs actuels de la diplomatie, il n’y a rien là qui doive étonner, puisqu’il faudrait avant tout l’avoir conquise, et que la guerre ne s’est pas étendue si loin. Toutefois, nous l’avons dit, cette conquête-là occupait une place considérable parmi les espérances de la Scandinavie aux premiers bruits de la guerre. Non, la Suède n’a pas oublié la Finlande ; non, elle ne s’est pas persuadé, comme le voulait Bernadotte, que la possession de cette Finlande fût pour elle autrefois un fléau, et qu’elle fût devenue plus libre de ses mouvemens et plus puissante après l’avoir perdue. On lui avait promis une véritable compensation ; elle ne l’a pas eue. Au contraire,