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mais leur cou long et mobile s’agitait comme celui d’un serpent. C’est dans une partie un peu plus élevée du terrain jurassique qu’on a retrouvé les restes d’un animal singulier, dont les formes rappellent véritablement les monstres et les chimères de la fable. Pendant longtemps, on a hésité à le ranger parmi les oiseaux, les reptiles ou les mammifères ; les mâchoires de sa tête gigantesque portaient des dents acérées ; son cou était long et fort, mais le dos et la queue étaient relativement assez grêles ; ses pieds de devant étaient formés par quatre doigts minces terminés par des griffes ; le cinquième avait une longueur démesurée supérieure à celle du corps entier. Ce développement extraordinaire des doigts rappelle l’aile des chauves-souris ; aussi admet-on généralement aujourd’hui que cet être bizarre était un reptile volant.

Pendant la période jurassique, on voit apparaître beaucoup de véritables crocodiliens : leur tête est d’ordinaire extrêmement allongée, et la forme de leurs dents rappelle un peu le gavial actuel du Gange. Les reptiles sont encore très abondans pendant la période suivante, et l’on y trouve, avec les débris de grands sauriens et de crocodiliens, ceux d’un gigantesque reptile terrestre, ayant quelque analogie avec les modernes iguanes, qui portent une crête sur le dos et un goitre sous la gorge. Cet animal atteignait jusqu’à dix ou douze mètres de longueur, et son fémur avait jusqu’à deux pieds de circonférence. Bans la craie de Maëstricht, on a trouvé aussi le squelette presque entier d’un autre reptile gigantesque, dont la tête avait quatre pieds de longueur, et qu’on nomme communément le grand animal de Maëstricht.

L’ère des reptiles expire avec la fin de la période secondaire : dans les terrains tertiaires, les formes monstrueuses ont disparu, et l’on ne trouve que les types actuels. De nos jours enfin, les sauriens eux-mêmes sont en quelque sorte confinés dans les pays les plus chauds, et il ne faudrait qu’un faible abaissement de température pour les faire tous périr.

Le développement graduel des mammifères offre peut-être encore plus d’intérêt que celui des classes précédentes. Les premiers vestiges qu’on ait cru pouvoir leur rapporter remontent à la partie supérieure du trias : ce sont quelques dents trouvées en Allemagne ; mais il faut ajouter qu’Owen, qui aujourd’hui et à bon droit fait autorité en anatomie comparée, n’a pas cru pouvoir les caractériser. Des restes vraiment incontestables de mammifères ont été trouvés dès longtemps dans le terrain jurassique, et c’est cet illustre naturaliste qui les a déterminés. Il est bien digne de remarque que les mammifères jurassiques appartiennent à cette classe qu’on pourrait nommer des mammifères imparfaits ou didelphes, où les petits sont