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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/511

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LE
COMTE ALGHIERA


I.

Lorsque le roi Charles-Albert passa le Tessin, le vieux marquis del Griclo vint se joindre à l’armée piémontaise avec une centaine de volontaires qu’il ramenait de Milan. Ces jeunes gens étaient très bien équipés ; ils montaient des chevaux magnifiques, et comme ils étaient pleins d’ardeur et d’impatience, on les mena des premiers au feu. Dans tous ces combats d’avant-garde, ils firent merveilles, et bientôt leurs rangs s’éclaircirent. Ils furent très maltraités à Pastrengo, dans cette brillante échauffourée où Bevilacqua trouva une mort si glorieuse. Quand l’armée italienne battit en retraite, l’escadron milanais était déjà réduit de moitié ; à Volta, il ne comptait plus qu’une trentaine d’hommes ; tous ses officiers avaient été tués, et ce fut un jeune lieutenant vénitien, le comte Massimo Alghiera, qui prit le commandement.

En ce moment, toute la ligne ennemie était attaquée avec fureur par les Sardes ; la brigade de Savoie reprenait ses positions à la baïonnette, et déjà le drapeau tricolore flottait sur la chaussée. Le comte Alghiera reçut l’ordre d’enlever une batterie que les Autrichiens venaient de démasquer ; les Milanais chargèrent à fond de train, et sabrèrent les artilleurs sur leurs pièces. Malheureusement ils furent bientôt séparés du gros de l’armée par deux bataillons de Croates qui reprenaient l’offensive ; sur la gauche, ils étaient cernés par des compagnies de Tyroliens échelonnées le long des fossés. Sans hésiter, ils traversèrent au galop cette nuée de tirailleurs ; mais au tournant de la chaussée, ils donnèrent en plein sur un corps d’infanterie qui les fusilla à bout portant. L’escadron fut anéanti. À la