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agame des pucerons peut être prolongée presque indéfiniment par l’emploi de la chaleur artificielle est en opposition directe avec les théories du naturaliste anglais.

Malgré la juste autorité de M. Owen, nous avons cru devoir rejeter le nom de parthénogenèse comme renfermant une idée inexacte. Pourtant cette expression ne doit pas encore être rayée définitivement du vocabulaire scientifique. Peut-être s’appliquera-t-elle avec une grande justesse à des faits encore peu connus, quoique bien dignes d’attirer l’attention. On sait que certains papillons, venus de chenilles élevées dans un complet isolement, pondent très souvent leurs œufs. Ces œufs, produits par des femelles bien caractérisées et vraiment vierges, devraient toujours être stériles, et il en est ainsi dans l’immense majorité des cas. Pourtant, chez certaines espèces nocturnes, il arrive parfois que quelques-uns de ces œufs, soustraits en apparence à toute fécondation, n’en donnent pas moins naissance à des chenilles. Tel est le fait très extraordinaire qu’ont observé à plusieurs reprises les Bernouilli, les Treviranus, les Burmeister, etc., et dont il n’est guère possible de mettre la réalité en doute. Mais ces observateurs ont-ils eu affaire à de véritables œufs, ou bien à des espèces de bulbilles enveloppés d’une coque, et revêtant ainsi une apparence trompeuse ? S’agit-il d’un phénomène de bourgeonnement quelque peu déguisé, ou bien doit-on invoquer réellement la transmission de mère à fille de la force fécondante d’Owen ? L’hermaphrodisme jouerait-il ici un rôle inattendu ? La solution de ces questions n’a pas même été tentée, croyons-nous, et jusqu’à nouvel ordre on peut considérer ces reproductions par œufs non fécondés comme de véritables exemples de génération virginale ; mais il est facile de voir en même temps combien ce phénomène diffère de ceux qui nous occupent aujourd’hui.

Sans rechercher, comme Steenstrup et Owen, la nature intime du phénomène, M. Leuckart a assimilé la généagénèse à la métamorphose[1]. Pour lui, un scolex d’ordre quelconque n’est autre chose qu’une espèce de larve. Le scyphistoma est pour ainsi dire la chenille de la méduse. Nous ne saurions regarder comme fondée cette assimilation, et ici nous partageons pleinement la façon de voir de Steenstrup, qui avait réfuté d’avance la plupart des raisons invoquées par

  1. Ueber Métamorphose, ungeschlechtliche Vermehrung, Generationswechsel, 1851. Zeitschrifl für Wissenschaftliche Zoologie.