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que plus tard dans la botanique, et pourtant, là plus qu’ailleurs peut-être, leur vérité est incontestable. Quels que soient les accidens de la végétation, un tilleul, un chêne restent toujours un arbre ; un myrte, un rosier sont toujours un arbrisseau. Pour le savant pas plus que pour l’homme du monde, aucun d’eux n’est monstrueux ni incomplet, qu’il soit grand ou petit, que ses rameaux soient touffus ou rares, qu’il ait poussé en pleine liberté ou qu’on l’ait sévèrement émondé. Il n’y a donc rien de déterminé dans le nombre ou la position de ses parties ; il n’est donc pas un individu. Dès-lors il ne peut être qu’une agrégation. Tout arbre est une espèce de polypier végétal, dont la partie commune est représentée par le tronc, les racines, les branches.

Mais comment distinguer et isoler ces êtres correspondans aux polypes ? Ici les botanistes ne sont pas d’accord. Les uns, voyant la feuille plus ou moins modifiée reparaître partout comme élément fondamental, ont voulu trouver en elle l’individu végétal. D’autres, ramenant cette même feuille à la condition d’organe, ont cherché l’individualité dans le germe, c’est-à-dire dans la graine et dans le bourgeon. Ils ont considéré comme individu le rameau produit par l’une ou par l’autre. Bien des faits, et souvent les mêmes, différemment interprétés, sont invoqués par les partisans de ces deux opinions. Nous n’avons pas le droit de décider entre elles : pourtant la seconde, appuyée principalement sur l’embryogénie et ayant incontestablement pour elle l’analogie, nous semble devoir être préférée. En conséquence, nous l’adopterons dans le parallèle à établir entre les animaux et les végétaux, bien que M. Owen ait opté pour la première. Au reste, les deux manières de voir se prêtant également bien au rapprochement des faits constatés dans les deux règnes, les idées que nous allons exposer seront au fond en partie celles qu’a déjà publiées notre illustre confrère ; mais la forme sera un peu différente, et cela même nous conduira à quelques considérations qui ont échappé à nos prédécesseurs.

Nous venons de voir que l’arbre ressemble au polypier, non pas seulement par sa forme, mais encore par sa nature complexe. Ni l’un ni l’autre ne sont des êtres simples ; tous deux ont pour élément l’individu végétal ou animal, tous deux sont des colonies. Comment s’accroissent et se multiplient ces colonies ? Ici apparais sent dans tout leur jour les similitudes dont nous parlions plus haut.

Quand un rameau de plus va s’ajouter à ceux que porte un rosier, que voyons-nous d’abord ? Un bourgeon. Quand un nouveau polype doit naître sur un pied de coryne, qu’est-ce qui annonce sa venue ? Un bourgeon. Dans les deux cas, le nouvel hôte de la colonie, le