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aussi un individu reproducteur. Sur le rosier comme sur la coryne, tout se passe donc jusqu’ici exactement de la même manière.

La coryne mère produit des œufs, la rose porte des graines. Ici encore toute différence disparaît pour ainsi dire entre les deux règnes pour qui laisse de côté les accidens de forme et de complication ou de simplicité spécifique. Dans les deux sortes de corps reproducteurs, on trouve une partie essentielle, — le germe dans l’œuf, l’embryon dans la graine, — destinée à se transformer en être vivant. Chez l’un et chez l’autre se montrent des parties accessoires qui nourriront le jeune animal, le jeune végétal, et qui s’appellent vitellus, albumen dans l’œuf, périsperme, cotylédons dans la graine. Oeuf et graine ont en outre des enveloppes protectrices plus ou moins multipliées et peuvent être groupés par centaines ou complètement isolés. Si, réunissant ces traits généraux, on trace les figures idéales de la graine et de l’œuf, il sera presque impossible de les distinguer l’un de l’autre.

Dans l’animal comme dans la plante, la reproduction par bourgeon s’opère en entier sur place aux dépens du parent immédiat ; Dans les deux règnes, la reproduction par œuf et par graine exige le concours de deux élémens préparés par des organes spéciaux. Que ces organes soient réunis sur le même individu ou portés par des individus distincts, les choses se passent toujours de la même manière : il y a toujours un père et une mère, une étamine et un pistil, un élément qui féconde, un autre qui doit être fécondé. Sans la fécondation, l’œuf, quoique présentant ses trois sphères caractéristiques, n’aura point de germe proprement dit ; sans elle, la graine ne sera jamais qu’un corps rudimentaire caché à la base du pistil et dépourvu d’embryon. Ainsi, dans la plante comme dans l’animal, à côté de la reproduction agame nous rencontrons la reproduction sexuelle. Toutes deux dans les deux règnes sont soumises aux mêmes conditions, et s’il nous était permis d’entrer ici dans des détails techniques, nous les verrions partout accompagnées de phénomènes presque identiques[1].

Pour voir jusqu’où s’étend la ressemblance des rapports qui relient ces deux modes de reproduction chez les animaux et chez les plantes, faisons comme M. Owen ; plaçons à côté l’un de l’autre un œuf et une graine. Tous deux ont été fécondés. De l’un sort une larve ciliée, de l’autre un premier rameau portant deux feuilles cotylédonaires, épaisses, charnues, et tout à fait différentes de celles qui leur

  1. Je me borne à rappeler ce que j’ai dit ailleurs de la respiration des plantes au moment de la fécondation. — Revue des Deux Mondes du 1er août 1842.