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En 1807, le montant des dépenses fut de 778 millions, dont 774 seulement furent payés, le reste n’ayant pas été ordonnancé, ou ayant été l’objet d’oppositions. Déduction faite de 38 millions de fonds spéciaux, c’était 736 millions soldés par le trésor. Les recettes ordinaires furent de 683 millions, selon M. Gaudin, de 687, selon M. Mollien[1]. Les subsides extérieurs montèrent à 34 millions. Sur les contributions imposées à la Prusse, il fut prélevé en outre 27 millions pour la solde des troupes en campagne pendant la durée de la guerre, tant en 1806 qu’en 1807, et une certaine somme pour gratifications ou traitemens extraordinaires. Des 736 millions soldés par le trésor, les ministères de la guerre et de la marine en eurent 459. La proportion était un peu moindre que l’année précédente. N’anticipons pas cependant sur la fin de 1807. Reprenons le fil des événemens où nous l’avons laissé, à l’automne de cette année si brillante dans les annales de la France et dans l’histoire de Napoléon.

Rien ne peut donner une idée de la puissance de travail que manifestait l’empereur à cette époque. Rentré dans sa capitale après dix mois d’absence, il voulut examiner pièce à pièce, de la façon la plus minutieuse, tous les rouages de l’immense machine qu’il avait construite de ses mains. C’est ce qu’il appelait passer ses grandes revues d’administration. La supériorité d’esprit qu’il y montrait et l’aisance avec laquelle il passait d’un travail à un autre sans être jamais lassé, sans jamais s’égarer, quoiqu’il entrât dans les derniers détails, ont fait l’admiration des contemporains, sentiment dont M. Mollien, dans ses Mémoires, se plaît à se rendre l’interprète. L’empereur disait de lui-même qu’il faisait le métier de premier ministre, et M. Mollien ajoute qu’il était plus ministre qu’aucun des hommes qui en portaient le titre. Il était surtout le contrôleur général des finances, parce qu’il n’y avait rien qu’il eût plus à cœur que le bon ordre financier. Il tenait des conférences où il faisait apparaître successivement les ministres ordonnateurs ; mais il avait jugé indispensable dans tous les cas la présence du ministre du trésor, qui était le ministre des paiemens. Les collègues de M. Mollien le félicitaient de ce qu’ils regardaient comme une insigne faveur, sauf à en avoir de la jalousie en dedans. Avec sa modestie accoutumée, M. Mollien était plutôt effrayé que charmé de cette marque de préférence. Il avait à répondre à des questions à peu près imprévues, réduit qu’il était le plus souvent à sa seule mémoire, parce que les

  1. M. Mollien compte pour les douanes 2 millions 1/2 de plus que M. Gaudin et quelques petits supplémens pour la régie des sels et tabacs au-delà des Alpes ; il porte quelques petites sommes en moins pour les postes et les droits-réunis ; il ajoute 1 million pour les poudres et salpêtres et 241 000 fr. pour les monnaies, tandis que M. Gaudin omet ces deux articles.