brité sans doute, mais peu agréables, et qui disparaîtront le jour où la production de la vigne rentrera dans ses conditions normales. Sans sortir du domaine de la viticulture, il est d’autres moyens de suppléer à l’insuffisance des récoltes qui méritent d’être signalés. Ainsi on a eu recours, dans plusieurs vignobles, à des additions d’eau et de sucre faites dans les cuves, à raison d’un hectolitre de solution aqueuse contenant de 12 à 17 kilos de sucre blanc par hectolitre de vendange foulée. Cependant, il faut en convenir, cette pratique, utile dans les circonstances actuelles, devrait être exclue de la préparation des grands vins. Les propriétaires de certains vignobles privilégiés de la Bourgogne se sont prononcés contre le sucrage ; ils ont présenté au comité central d’agriculture de la Côte-d’Or, le 5 novembre 1854, un rapport étendu, où ils constatent que le sucrage des vins, appliqué sans limites et sans précautions, entraîne de graves inconvéniens, sans toutefois contester qu’appliqué aux vins médiocres et dans les mauvaises années, ce procédé peut rendre quelques services.
Nous venons d’indiquer l’origine du mal de la vigne : c’est sous l’influence de la température chaude et humide d’une serre que s’est développée la végétation parasite dont les séminules, flottant dans l’air, ont apporté depuis dix ans de si graves perturbations dans l’industrie viticole. Tout concourt à démontrer que dans les vignobles envahis il ne s’agit point de combattre un mal interne, une sorte de dégénérescence, et qu’il suffit de se prémunir contre un agent extérieur par des procédés entre lesquels le soufrage se place aujourd’hui au premier rang. L’application du drainage aux vignobles a aussi produit les meilleurs effets. Les inconvéniens attribués au soufrage disparaissent sans beaucoup de peine ni de temps. Parmi les moyens de subvenir au déficit des boissons, un seul, le sucrage, peut être employé avec quelque utilité. Tels sont les faits acquis depuis l’invasion de la maladie. Espérons que ces moyens d’y remédier ne seront que passagèrement utiles. La rude épreuve que nous traversons encore n’aura pas été d’ailleurs sans compensation, si à côté de ces pratiques d’un intérêt tout accidentel elle a enseigné à la viticulture d’autres procédés d’une valeur durable, tels que le drainage, le renouvellement des cépages, et ces perfectionnemens dans les procédés de vinification qui seuls maintiendront aux vins de France le haut rang qu’ils occupent parmi les produits du sol national.