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L’empereur le chargea même de porter au roi d’Angleterre une lettre qui contenait, à ce qu’on prétend, de très grandes assurances d’amitié, et surtout des avantages commerciaux fort étendus, assertion qui se trouve contredite par les faits ultérieurs[1]. John Saris rencontra tout d’abord de grandes difficultés pour la vente de son premier chargement. Malgré ce mauvais début, il institua une factorerie anglaise, qui eut pour chef Richard Cocks, et pour sous-chef William Adams.

Les Hollandais revinrent au Japon en 1614. À ce moment, l’empereur Ogonschio-Sama mourut. C’était lui qui avait délivré aux Hollandais l’acte du 30 août 1611 ; les Hollandais commirent l’imprudence d’en demander le renouvellement à son successeur. On le renouvela en effet, mais à des conditions beaucoup moins favorables. L’empereur fut même fort irrité du peu de confiance et de respect que les Hollandais montraient pour l’acte sacré de son prédécesseur, et c’est principalement à cette démarche qu’ils doivent la perte de leurs meilleurs privilèges au Japon. L’absence de toute stipulation à l’égard du commerce, soit dans la première charte, soit dans la seconde, explique les restrictions et les changemens que les Japonais ont constamment pu imposer aux Hollandais, sans violer le contrat.

Toutefois les Hollandais profitèrent des avantages que la charte de 1614 leur accordait encore pour entamer des relations commerciales. Le début ne fut pas heureux ; la compagnie des Indes proposa même, en 1616, à la régence de Batavia, d’abandonner cette affaire. Celle-ci, qui avait d’autres vues, ne fut pas de cet avis ; elle espérait pouvoir ouvrir en Chine des relations comme celles qu’elle venait de créer au Japon, et imiter les Portugais, qui, grâce à leur comptoir de Macao, avaient trouvé de grands profits dans l’importation des soies écrues de la Chine au Japon.

Les opérations des Anglais ne furent pas plus fructueuses que celles des Hollandais, ni leurs avantages plus considérables malgré les prétendues promesses de l’empereur. On voit les chefs de la factorerie anglaise se plaindre, en 1617, du mauvais état de leurs affaires : « Nous avons été admis devant l’empereur, écrivent-ils mais nous ne pouvons obtenir aucun avantage nouveau ; notre commerce est limité à Férando et Nagasaki, encore nos navires ne peuvent-ils entrer qu’à Férando. »

Il paraît qu’en 1619 les factoreries anglaise et hollandaise s’associèrent, car on lit dans une lettre, écrite le 8 septembre 1620 à l’empereur, que « les différends entre les Anglais et les Hollandais

  1. Meylan donne ce document en entier d’après la traduction anglaise, mais en faisant remarquer que l’authenticité en est douteuse.