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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 5.djvu/620

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étant terminés, ces deux nations allaient réunir tous leurs efforts pour faire au roi d’Espagne et à ses adhérens tout le mal possible. » En outre, en consultant les archives de la factorerie de Décima, on voit, dans le recueil des délibérations, que, du mois, d’août 1620 au mois de novembre 1623, les actes sont revêtus des signatures des deux factoreries. Cette association ne fut ni longue ni heureuse : ni les Anglais ni les Hollandais ne purent relier les opérations du Japon à celles qu’ils espéraient établir en Chine. En 1622, Richard Cocks exposa au gouvernement anglais les pertes subies par le commerce au Japon, ainsi que les préventions qui s’élevaient de plus en plus contre les étrangers ; en 1623, la factorerie fut définitivement abandonnée. Plus tard, le gouvernement anglais essaya, mais en vain, de revenir sur cette détermination. Il envoya en 1674 une ambassade à l’empereur, pour réclamer les droits concédés dans l’acte de 1613. Les envoyés présentaient une copie de cet acte ; mais quand on leur demanda l’original, ils ne purent le produire. Ils n’obtinrent qu’un refus formel sur tous les points, avec ordre de repartir sans délai, et surtout de ne jamais revenir. Les Anglais ne firent plus de nouvelle tentative jusqu’au XIXe siècle.

Le départ définitif des Anglais en 1623 laissait les Hollandais, les Chinois et les Portugais maîtres du commerce au Japon. Ces derniers, quoique bien déchus de leur ancienne prospérité, se soutenaient encore ; ils auraient pu conserver quelques avantages, si l’espoir de reconquérir leur influence perdue ne les eût poussés aux entreprises les plus téméraires. Un décret de 1635 les relégua irrévocablement dans la petite île de Décima. Cette île peut être considérée comme un quartier de Nagasaki ; un canal la sépare de la ville, mais un pont l’y rattache. Un grave événement fit perdre aux Portugais cette dernière position. Un de leurs navires, saisi par les Hollandais au cap de Bonne-Espérance, se trouva porteur d’une lettre adressée au roi de Portugal par le chef de la factorerie portugaise, Japonais de naissance et fervent catholique. Cette lettre contenait le plan d’une vaste conspiration, ayant pour but l’assassinat de l’empereur, le renversement du gouvernement et le triomphe de la foi ; elle donnait le nom de tous les conjurés, parmi lesquels figuraient de très grands personnages japonais. Les Hollandais la remirent au gouverneur de Nagasaki : celui-ci, très favorable aux Portugais, serait peut-être parvenu à faire naître quelques doutes sur l’authenticité de la lettre, si un message tout semblable, adressé au gouverneur de Macao, n’eût été intercepté par les Japonais eux-mêmes et envoyé à Yédo. L’expulsion des Portugais fut alors décrétée par le mémorable édit de 1637, dont voici le texte : « Aucun navire japonais ni aucun individu natif du Japon ne pourront sortir