commençait à leur peser. C’est pourquoi ils ont fait tout à coup le plus froid accueil aux pièces traduites du français, qui, la veille encore, avaient toutes leurs préférences, et réservé leurs applaudissemens pour les œuvres nationales, quelle qu’en fût la faiblesse. Ces encouragemens intelligens devaient porter et ont porté leurs fruits. Sûrs désormais de n’être plus dédaignés, de jeunes écrivains se sont mis avec ardeur au travail, et quelques-unes de leurs œuvres ont obtenu un incontestable succès. Que cette réaction ait été excessive, que les nouvelles comédies soient fort loin, par leur mérite réel, de justifier les éloges dont une critique partiale les a comblées, cela ne saurait être contesté ; mais elles ont du moins en général un caractère de vitalité qui manque au drame historique, et qui explique le jugement favorable et presque unanime des Italiens. Demandez-leur quels écrivains représentent chez eux le drame : l’un nommera M. Battaglia, un autre M. Révère, un troisième M. Brofferio ; mais s’il s’agit d’auteurs comiques, ils tomberont d’accord pour désigner MM. Martini, Vollo, Gherardi del Testa et Ferrari.
Sur ces quatre noms, j’écarte tout d’abord les deux derniers. De toutes les comédies que M. Ferrari (de Modène) a composées, une seule, Goldoni e le sue sedici commedie, a obtenu un grand et incontestable succès. De bons juges affirment que cet ouvrage est de beaucoup le meilleur qui ait paru depuis longtemps sur les scènes de l’Italie, et je ne demanderais pas mieux que de les croire sur parole ; mais M. Ferrari paraît avoir craint que sa comédie ne produisît pas à la lecture autant d’effet qu’à la représentation, et il ne l’a point fait imprimer. Quant aux autres ouvrages de M. Ferrari, ils ont été loin d’obtenir la même faveur ; qui sait même si le succès de Goldoni e le sue sedici commedie ne provient pas en grande partie des sentimens patriotiques et italiens dont s’inspire l’auteur ? Des raisons d’un ordre différent m’engagent à ne pas parler non plus de M. Gherardi del Testa. Je sais tout ce qu’on peut dire à l’éloge de ce jeune écrivain. Volontaire de la campagne de Lombardie, il a vaillamment payé sa dette à son pays et rapporté du champ de bataille une glorieuse blessure ; auteur dramatique, il a fait preuve, dans ses nombreux ouvrages, d’un esprit vif et pétillant, plein de gaieté et d’entrain ; malheureusement il échappe à la critique, ne s’étant jamais élevé jusqu’à la comédie. Formé à l’école de nos vaudevillistes, il les imite, peut-être sans le savoir ; dans tous les cas, il ne devrait pas profiter de ce que l’usage en Italie ne permet pas les couplets pour afficher des prétentions littéraires que démentent ses intrigues légères et sans portée, invraisemblables ou rebattues, et son style, vraiment trop négligé.
M. Martini n’est entré que tard dans la carrière des lettres. Jusqu’à ces dernières années, on n’avait vu en lui qu’un employé supé-