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la France et avec la Suisse, — le gouvernement en a laissé le soin exclusif à l’industrie privée; mais il a pris néanmoins sa part des charges en accordant des avantages notables aux concessionnaires, à la tête desquels figurent des noms français, et il a pu assurer ainsi l’établissement d’un réseau intérieur et extérieur à peu près complet, avec une sagesse de vues, une hardiesse d’entreprise et une promptitude d’exécution propres à faire réfléchir tous ceux qui refusent aux états de libre discussion l’aptitude nécessaire au rapide achèvement des grands travaux publics.

Ainsi, dans ce pays qui renferme 5 millions d’habitans, dont le budget des recettes ne s’élevait en 1851 qu’à 98 millions, on a pu, de l’année 1850 au 1er décembre 1856, construire et livrer à l’exploitation 707 kilomètres de chemins de fer, et commencer la construction de 293 autres kilomètres, soit ensemble 1,000 kilomètres de voies ferrées. La disposition du réseau ainsi constitué peut se justifier aisément.

En jetant les yeux sur une carte des états sardes, on voit Turin placé à peu près au centre, et à égale distance de la frontière autrichienne et des bords de la Méditerranée, comme des frontières de Suisse et du ruisseau du Var, qui sépare le comté de Nice de la France. La ligne la plus importante au point de vue politique et stratégique était celle qui reliait la capitale à la frontière la plus menacée, c’est-à-dire à la frontière italienne, et qui mettait Turin à portée d’Alexandrie, la première place de guerre, et de Gênes, le premier port militaire et commercial. Aussi l’état voulut se charger de pourvoir lui-même à d’aussi grands intérêts, et il construisit la ligne de Turin à Alexandrie, puis celle d’Alexandrie à Gênes d’une part, et d’Alexandrie au Lac-Majeur d’autre part. L’ensemble de ces lignes principales s’élève à 265 kilomètres, et a coûté à l’état près de 140 millions.

Sur cette base solide, le gouvernement a encouragé l’industrie privée à construire des embranchemens d’une importance secondaire au point de vue des intérêts politiques, mais nécessaires au développement de la prospérité intérieure. Ainsi Turin a été raccordé directement à Novare, point central de la ligne d’Alexandrie au Lac-Majeur, par le chemin dit de Turin à Novare, de 95 kilomètres, sur lequel ont été soudés au nord les deux petits embranchemens d’ivrée (40 kil.) et de Bielle (28 kil.), et au sud celui de Verceil (39 kil.), qui rejoint, en passant par Casale, la ligne d’Alexandrie à Arona. A cette dernière ont été également rattachés deux petits tronçons, dont l’un va de Mortara à Vigevano, sur une étendue de 13 kil., et dont l’autre, partant de Novare, se relie par Buffalora aux chemins lombards-vénitiens, — Sur la ligne d’Alexandrie à Gênes, on a dirigé