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qui vaudra toujours 200 francs, et ne vaudra jamais ni plus ni, moins. »

Personne ne peut dire qu’un jour l’argent n’éprouvera point, lui aussi, une forte baisse par le fait d’une production grandement accrue par rapport aux besoins et effectuée dans de meilleures conditions. C’est une chance dont le gouvernement français profiterait équitablement et légalement ; mais c’est la seule dont il lui soit permis honnêtement de s’attribuer le bénéfice.

En résumé, par la découverte des mines d’or de la Californie et de l’Australie, si ces mines continuent d’être ce qu’elles ont été jusqu’à ce jour, un moment viendra où les choses se passeront pour la trésorerie britannique comme si quelque génie ennemi de ses créanciers fût venu prendre dans leurs portefeuilles leurs titres de rente et les remplacer par d’autres qui fussent de la moitié. Non que le nombre de livres sterling qui leur seront dues en principe, et dont le revenu leur sera compté à chaque trimestre, doive être diminué, non que la quantité d’or contenue dans la livre sterling doive décroître ; mais la trésorerie britannique retirerait des contribuables chaque livre sterling désormais sans plus de peine pour ceux-ci que lorsqu’auparavant il s’agissait d’une demi-livre, et les infortunés rentiers n’obtiendraient de la livre que la moitié des jouissances qu’elle leur procure aujourd’hui, et pourtant, en droit strict, ils n’auraient rien à réclamer. Quant au trésor français, à moins d’une iniquité flagrante, il n’a aucun profit semblable à espérer de la découverte des nouvelles mines d’or.


II. – DES MESURES A PRENDRE POUR EMPECHER LES MAUVAIS EFFETS DE LA BAISSE DE L’OR.

Voici donc la perspective qui s’ouvre devant nous : parallèlement à la baisse de l’or, une période de souffrance pour un grand nombre d’intérêts dignes de considération et de sympathie. Cette période apparaît hérissée de périls pour le repos des états et la marche régulière de la société. À l’égard de la France en particulier, on est en face d’une législation faite avec maturité il y a un peu plus d’un demi-siècle, législation intelligente, honnête, et au nom de laquelle les intérêts froissés pourraient réclamer hautement et dire qu’en leur personne un droit sacré est méconnu et violé. Dans ces circonstances, qu’est-ce qu’il convient de faire ?

Dans les états où l’or est le métal étalon des monnaies, tels que l’Angleterre, il est difficile d’indiquer ce qu’il y aurait à faire ; on peut même contester qu’il y ait lieu de faire quelque chose. En Angleterre cependant, quelques personnes ont émis l’avis qu’il fallait changer d’étalon et substituer l’argent à l’or. Elles se fondent sur