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se brisa subitement avec fracas, probablement par suite du mouvement descensionnel qu’avait pris un massif de maçonnerie placé au-dessus de l’appareil. Quatre ouvriers qui se trouvaient dans le sas-à-àir furent violemment projetés contre les parois et tués sur le coup. Quatre autres, qui travaillaient dans le puits, auraient pu se sauver : la porte de communication, en se refermant, avait empêché une diminution instantanée de tension atmosphérique qui eût suffi à elle seule pour tuer ces ouvriers ; mais, dans leur précipitation à remonter, deux d’entre eux tombèrent au fond du puits, où ils se noyèrent, l’eau ayant fait irruption aussitôt après la cessation de la cause qui la contenait, et deux seulement réussirent à s’éloigner, sains et saufs.

On n’a pas toujours à foncer un puits au travers des sables d’alluvion de la Loire, ou dans l’étage supérieur du terrain crétacé, dont les fissures donnent naissance, dans le nord de la France, à des nappes d’eau souterraines d’une abondance exceptionnelle, qu’il faut traverser sur une vingtaine de mètres pour gagner le terrain solide et imperméable. Dans une roche, ordinaire, le creusement se fait parle tirage à la poudre ; les déblais fournis par les coups de mine sont élevés au jour par des moyens dont là perfection est en rapport avec la profondeur du puits. Les eaux fournies par le terrain, et qui pourraient gêner les ouvriers, sont retenues par des moyens appropriés ou conduites dans un réservoir qui est vidé à des intervalles réguliers. Je ne dois pas oublier de mentionner ici l’audacieuse tentative de M. Kind, qui, au moyen d’un engin gigantesque, a foré, comme un trou de sonde ; un puits dont le diamètre avait plus de Il mètres, et qui avait atteint une profondeur de plus de 120 mètres, lorsqu’il a dû être abandonné par suite de l’affluence des eaux.

Le plus souvent verticaux, ronds, carrés, ou, ce qui est beaucoup plus fréquent, rectangulaires, et divisés en compartimens réservés à des usages spéciaux, les puits de mines nécessitent généralement des travaux de soutènement destinés à garantir la solidité des parois. Ces travaux consistent dans le placement d’une série de cadres de bois, espacés en raison de la pression du terrain, derrière lesquels on met des bois de garnissage, reliés par des tirans qui rendent solidaires toutes les parties du système, fortement maintenu à l’orifice du puits, ou par quelques madriers encastrés dans la roche. Quand ces travaux doivent en outre empêcher l’influence des eaux, ils prennent le nom de cuvelage. Telle est la destination qu’ils reçoivent surtout dans le bassin du nord, où la présence de terrains très aquifères est une source considérable de dépenses. C’est ainsi qu’un puits atteignant le terrain houiller à 140 mètres de profondeur a coûté