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Dissolution du grand-duché de Varsovie ;

Reconstitution de la monarchie prussienne.

Quelques jours après nous avoir fait connaître ces propositions, M. de Metternich fit savoir à M. de Narbonne qu’elles avaient été très mal accueillies par les alliés. Leur premier mouvement avait été de les rejeter. L’empereur Alexandre avait déclaré qu’il ne poserait les armes qu’après que la France aurait renoncé à tous les territoires qu’elle possédait en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Hollande. M. de Metternich se montrait scandalisé que les alliés osassent élever de pareilles prétentions. Il était prêt, disait-il, à se battre contre le tiers de ces exigences.

Napoléon reçut à Dresde la note autrichienne du 8 mai. Aucune ouverture préalable, pas même la moindre insinuation, ne l’avait préparé à recevoir une pareille communication : elle le remplit de douleur et de colère. Il venait de vaincre, les alliés fuyaient ; il n’avait plus qu’à les atteindre et à les battre encore pour les refouler sur la Vistule, et c’est ce moment décisif, suprême, que choisit l’Autriche pour se jeter devant lui et sous la forme d’une médiation armée lui arracher les fruits de sa victoire. Trop ulcéré dans ce premier moment pour apprécier avec un libre et froid jugement le véritable caractère des conditions proposées, il s’abandonne à l’explosion de son ressentiment. La médiation que veut exercer l’Autriche n’est à ses yeux qu’une lâche et perfide défection. Une médiation doit être impartiale et désintéressée ; celle de l’Autriche n’est point impartiale, puisqu’en même temps que cette puissance nous impose de nombreuses restitutions, elle ne stipule en faveur de nos ennemis que des avantages. Elle n’est pas non plus désintéressée, car l’Autriche vient mêler ses propres exigences à celles de la Russie et de la Prusse. Elle ose nous demander, elle qui n’a pas tiré un coup de canon, que nous lui rendions le prix de tout le sang versé à Eckmühl, à Essling et à Wagram. Ainsi les rôles seraient intervertis ; ce serait le vainqueur qui ferait tous les sacrifices, le vaincu et celui qui n’a pas brûlé une amorce qui auraient tous les avantages ! Pour nos aigles victorieuses, les humiliations qui sont le partage de la défaite ; le succès réel, les précieuses conquêtes pour nos ennemis et pour la puissance prudente et cauteleuse qui ne s’est jetée entre les belligérans que pour leur faire la loi ! Napoléon s’étonne et s’irrite que le souverain qui lui fait tant de mal soit le même qui, il y a deux ans, lui a donné la main de sa fille, et qui plus tard a demandé à combattre à ses côtés contre les Russes. Toute son âme se révolte à l’idée de passer sous les fourches caudines qu’on lui prépare à Vienne. L’ennemi se retire dans la direction de Bautzen ; une seconde bataille est inévitable : l’empereur compte bien la gagner, et, par ce grand coup,