Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

officieuse et toute pacifique, mais armée. M. de Metternich, naguère si expansif, affecta, pendant la lecture que lui fit M. de Narbonne de la dépêche du 27 mars, une contenance pleine de froideur, et se borna à demander si la France ne renoncerait pas aux territoires dont elle s’était emparée dans les dernières années, notamment aux villes anséatiques et à la Hollande. « Il est impossible, dit-il encore, que les provinces illyriennes ne nous reviennent pas. L’empereur Napoléon a pris à peu près l’engagement de nous les restituer. »

M. de Metternich fit attendre sa réponse pendant cinq jours ; elle était compassée, pleine de réticences et de subtilités, doucereuse dans la forme, très dure au fond, presque comminatoire. M. de Metternich, qui était tourmenté du désir de rompre l’alliance de 1812, déclara que, pour atteindre le grand but de la paix, il n’existait qu’une forme diplomatique, celle de la médiation armée. « L’empereur mon auguste maître, dit-il, se prête en conséquence à prendre cette attitude. » M. de Metternich, qui connaissait le prix du temps et les dispositions peu pacifiques de l’Angleterre, représenta qu’avant d’ouvrir les négociations, il était convenable d’attendre la réponse de cette puissance aux ouvertures qui lui avaient été faites.

Napoléon avait demandé à l’Autriche de concourir aux efforts de la campagne prochaine dans la proportion de 100,000 hommes. M. de Metternich répond et prononce le mot fatal : « Le rôle de l’Autriche ne peut plus être celui d’un simple auxiliaire, et, dans le cas où la médiation n’aurait point le succès qu’elle espère, il ne lui resterait d’autre alternative que de se retirer derrière ses frontières ou de s’engager dans la guerre comme partie principale. Les stipulations de secours limités de notre traité d’alliance ne sont plus applicables aux circonstances actuelles. »

La campagne allait s’ouvrir. La France et la Russie avaient un égal intérêt à ne point forcer l’Autriche à se prononcer plus tôt qu’elle ne le voulait ; mais il était impossible qu’elles ne l’obligeassent pas à s’expliquer sur la destination du corps auxiliaire. En effet, comme si la France et la Russie s’étaient donné le mot, le 11 avril le général russe Sacken dénonçait l’armistice conclu à la fin de janvier, et ce même jour le duc de Bassano écrivait au comte de Narbonne : « L’empereur a communiqué au prince de Schwarzenberg son plan d’opérations. Sa majesté sera probablement le 20 à Mayence. Elle enverra immédiatement au général Frimont l’ordre de dénoncer l’armistice. Prévenez M. de Metternich, afin que le général Frimont n’ait pas le plus léger prétexte pour refuser d’agir. » Le prince de Schwarzenberg avait formellement déclaré que, sans aucun doute, le général Frimont obéirait aux injonctions de l’empereur.

Le 18, aussitôt après avoir reçu les ordres de sa cour, le comte