Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/774

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MME ROSE





PREMIÈRE PARTIE.

I

Parmi les villages que les jeux de la fantaisie et de la spéculation ont élevés aux environs de Paris, il n’en est peut-être pas de plus joli et de plus frais que Maisons. La mode l’a un peu gâté en multipliant les jardins et les cottages ; mais elle n’a pu détruire ni la beauté de la Seine qui le côtoie, ni la majesté royale des avenues qui l’entourent. De longues allées bordées de grands arbres percent le parc dans toutes les directions, et laissent voir, derrière un rideau tremblant de feuillage, des pavillons et des villas dans lesquels le luxe des propriétaires, gens de finance pour la plupart, a prodigué mille recherches coûteuses ; mais aux premiers souffles de la bise, les hôtes frileux de ces habitations coquettes disparaissent : on ne voit plus personne à Maisons, si ce n’est dans le village, qu’un pli de terrain dérobe aux oisifs de l’été.

Cependant une de ces villas était encore habitée vers la fin du mois de novembre 184…. Cette villa, située en plein champ à l’extrémité du parc et du côté de la Seine, se composait d’un seul corps de logis bâti au milieu d’un jardin clos de haies vives. Tout blanc et percé de fenêtres à persiennes vertes, ce corps de logis était élevé d’un étage sur rez-de-chaussée. Il avait l’air propre et honnête, et semblait destiné au logement de quelque bon rentier retenu à Maisons par l’énergie de ses goûts champêtres. Le jardin, planté de légumes