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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/231

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sion libre des vœux des populations roumaines ? Cela est allé si loin, qu’on a eu un moment ; la pensée de réclamer, aux termes de l’ancien règlement organique, l’institution d’un nouveau gouvernement provisoire, composé des présidens des principaux corps de l’état. Cette pensée a été écartée, parce que le nouveau firman de (invocation des divans et la présence prochaine de la commission européenne dans les principautés ont paru des garanties suffisamment protectrices pour la liberté des populations. Il est évident que des faits, comme ceux qu’on a vus récemment ne pourraient se produire, sous les yeux des représentans des puissances, et que le vœu public retrouvera le droit de se formuler sans contrainte, de telle sorte que la question pourra arriver entière devant la conférence qui se réunira à Paris. On a dit que la France était seule de son opinion ; qu’en sait-on ? Le Piémont ne combattra pas sans doute sur le Danube les idées qu’il soutient en Italie ; la Prusse est favorable à la fusion des deux provinces, la Russie, sans s’être prononcée nettement, est loin d’avoir repoussé tout projet d’union ; peut-être l’opposition de l’Angleterre elle-même tend-elle à s’affaiblir. S’il en était ainsi, est-ce la France, qui serait seule ? Dans tous les cas, quand on en sera là, la question d’Orient, dans les termes actuels du moins, aura parcouru toutes ses phases ; elle aura fait son évolution complète, et alors peut-être, d’autres questions seront nées déjà, qui créeront pour l’Europe d’autres préoccupations et d’autres devoirs.

Maintenant, en dehors de ces questions d’un ordre général où l’Angleterre et la France ont été solidaires, et d’où elles sont sortis toujours alliées, sinon aussi intimement unies, sous quel jour apparaît la situation respective de ces deux grands pays à l’ouverture de la session qui vient de commencer ? Politiquement, le chef de l’état n’avait point à constater en France des faits qui n’existent pas, des événemens qui n’ont pas eu lieu. Dès que la paix était rétablie, il ne pouvait que tourner ses regards vers le développement des forces intérieures, vers toutes les questions qui touchent à la situation matérielle du pays. Or, sous ce rapport, l’empereur, en constatant dans son discours les progrès qui s’accomplissent, ne dissimule pas les difficultés tenant au développement même de ces intérêts matériels, qui ne sont qu’un des côtés de la vie publique. Il montre les malaises des populations, l’incessante et irrésistible élévation du prix de toute chose, les pénibles déplacemens d’intérêts, l’exagération de la spéculation. Une partie du discours impérial est surtout à remarquer, c’est celle qui traite des finances, et dans cette partie on peut signaler certains faits principaux. D’abord le gouvernement décline l’intention de recourir de nouveau au crédit. Les derniers emprunts suffiront pour couvrir les dépenses de la guerre, et les services publics pourront être assurés sans nécessiter un autre emprunt prochain. Le décime de guerre établi il y a deux ans pourra même être supprimé à partir du 1er janvier 1858. Malgré cette suppression, malgré une allocation pour l’établissement des paquebots, transatlantiques et aussi malgré l’augmentation des plus faibles traitemens des petits employés civils, le budget de l’année prochaine pourra être présenté en équilibre, moyennant des réductions de dépenses ; mais en compensation du décime de guerre supprimé, l’empereur annonce qu’il fait étudier la question de l’établissement d’un nouveau droit sur les valeurs mobilières. Ce projet est un de ceux qui ont le plus préoccupé