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dans ces derniers temps le monde de l’industrie et de la finance. Il n’est point douteux qu’en ces matières on doit se proposer surtout une répartition équitable des charges publiques, et que si une compensation est nécessaire pour assurer les services de l’état, le gouvernement et le corps législatif sont dans le devoir de la trouver. Il est utile d’ailleurs que de telles questions soient étudiées pour que l’impôt puisse être établi, s’il est juste et possible, ou pour que le pays soit définitivement éclairé, si le droit nouveau sur les valeurs mobilières n’est ni juste dans son principe ni de création facile. Peut-être, à vrai dire, pourrait-on transporter ces questions, qui touchent à la situation des finances, sur un autre terrain, et se demander s’il ne serait pas possible d’arriver à l’équilibre par un autre chemin, en proportionnant les dépenses au mouvement progressif des recettes. Depuis le rétablissement de l’empire, ainsi que le fait connaître le chef de l’état, il y a eu dans les revenus indirects un accroissement de 210 millions, abstraction faite de tout impôt nouveau. D’un autre côté, les emprunts contractés pour la guerre ont mis à la charge de l’état une somme annuelle de 75 millions environ, affectée au service des intérêts. Ne pourrait-on pas trouver dans ces divers chiffres les élémens d’une solution très simple dont le pays et le gouvernement recueilleraient les fruits ? Toujours est-il que l’empereur a posé toutes ces questions devant l’opinion et devant le corps législatif, et c’est à celui-ci maintenant de répondre à l’appel du chef de l’état en étudiant le budget qui lui sera présenté.

Quant à la politique de l’Angleterre, elle est tout entière, disions-nous, dans les discussions du parlement. Ces discussions en effet ont pris depuis quelques jours une assez grande importance ; elles ont embrassé toutes les questions aujourd’hui pendantes, en même temps qu’elles mettent à nu la situation diverse des partis. C’est d’abord au sujet de la guerre avec la Perse que les débats se sont élevés ; mais ici il y a des négociations ouvertes qui se poursuivent assidûment à Paris entre lord Cowley et l’ambassadeur persan Ferouk-Khan, la négociation semble même être sur le point d’arriver à un dénoûment favorable : toute interpellation était dès-lors prématurée. Les opérations agressives de l’amiral Seymour dans les mers de Chine, le bombardement de Canton, ont soulevé des discussions plus vives. C’est lord Derby qui a soutenu le débat dans la chambre des lords ; M. Cobden vient à son tour d’engager la lutte dans la chambre des communes. La motion de censure proposée et défendue par lord Derby avec une rare éloquence n’a pas moins été repoussée par la chambre haute après un discours de lord Clarendon. Au surplus, oh n’ignore pas que le gouvernement a toujours un grand avantage dans les débats qui touchent à la politique extérieure, où le patriotisme britannique se confie volontiers aux dépositaires du pouvoir exécutif. Le cabinet anglais a vaincu ses adversaires jusqu’ici, et il a également triomphé à la chambre des communes, dans la discussion du plan financier présenté par le chancelier de l’échiquier, sir Cornwall Lewis ; le ministère a obtenu une majorité de 80 voix. Quelle conjecture peut-on tirer cependant de ce résultat ? S’ensuit-il que le cabinet de lord Palmerston soit inébranlable ? D’abord il faut toujours tenir compte de l’imprévu. En outre, si l’on examine l’état des partis, il y a une tendance évidente des tories et des peelites à se réunir, ce qui constituerait une force dangereuse, tandis que