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à les bien servir. » Ce sont là les paroles de paix et de concorde avec lesquelles les candidats heureux ou malheureux se séparent en général de leurs électeurs, et le congé qu’ils prennent de l’assemblée de leurs citoyens ne manque jamais d’être fort pacifique.

Ainsi, sans compter les assemblées préparatoires des meetings et la tournée de visites des candidats, l’élection d’un membre du parlement dans la Grande-Bretagne occupe trois journées en cas de contestation, et ne se termine en une seule journée qu’à défaut de toute opposition. À moins qu’elle ne puisse s’achever en un seul acte, elle doit passer par trois phases distinctes : la nomination, le poll ou l’élection proprement dite, et la déclaration. Toutes ces grandes épreuves publiques contribuent à achever d’unir les candidats à leurs électeurs par une étroite communauté d’opinion librement manifestée, et en même temps elles les rapprochent de tous les citoyens, appelés dans les meetings ou devant les hustings à prendre, sans aucun danger pour la société, une part plus ou moins active à la vie politique. C’est à l’aide de toutes ces garanties que les députés envoyés à la chambre des communes ne sont pas exposés à être des inconnus nommés par des indifférens.

Pour compléter la connaissance générale du tableau qu’offre une élection anglaise, il faut savoir quel est le rôle de l’officier public qui y préside et comment il s’exerce. Il importe de s’en rendre compte pour pouvoir reconnaître, en face de l’intervention du pays, l’abstention du gouvernement.

L’officier public qui est préposé à l’élection, et dont le nom de returning officer indique l’emploi, est seulement chargé de faire envoyer des membres au parlement par les comtés, les bourgs ou les universités de la Grande-Bretagne. Cette charge appartient dans les comtés au shériff[1], dans les bourgs qui jouissent du droit électoral au maire[2], ou à défaut du maire à tel ou tel officier municipal. Dans les universités, c’est le vice-chancelier qui, en fait l’office[3]. Elle peut être déléguée, sous la responsabilité du déléguant, à tel ou tel adjoint (deputy) que l’officier préposé à l’élection est libre de choisir soit pour se faire remplacer, soit pour se faire représenter à chacune des places où le vote doit avoir lieu.

Les devoirs de l’officier préposé à l’élection sont rigoureusement déterminés, et les instructions qui lui sont données par le dernier acte de 1843 règlent les plus petits détails de sa conduite : il n’a qu’à se conformer strictement au formulaire de sa charge, et depuis le dé-

  1. Le shériff, qui, dans chaque comté d’Angleterre, est chargé de l’administration, doit être choisi ou confirmé annuellement par la reine sur la liste de présentation dressée par les juges et les membres du conseil privé.
  2. Le maire est toujours nommé par le conseil de la ville et choisi dans son sein.
  3. A l’université de Dublin, le vice-chancelier est remplacé par le prévôt.